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INFO FRANCE CULTURE. Des danseuses du spectacle Carmina Burana dénoncent des conditions de travail indignes

Deux danseuses, originaires des ex-républiques soviétiques, travaillant pour le spectacle Carmina Burana, témoignent de conditions jugées indignes. Le syndicat professionnel des artistes interprètes a saisi l'Urssaf et l'inspection du travail, révèle France Culture.

Article rédigé par franceinfo - Cécile de Kervasdoué
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'opéra Carmina Burana, en Alsace, en 2011. (Photo d'illustration) (LIONEL VADAM / MAXPPP)

Deux danseuses du spectacle Carmina Burana, actuellement en tournée à travers la France, dénoncent des conditions indignes, révèle France Culture jeudi 14 décembre, grâce aux témoignages de deux danseuses recueillis par le syndicat SFA-CGT. Le syndicat professionnel des artistes interprètes a saisi l'Urssaf et l'inspection du travail, qui enquêtent.

Dix heures de danse par jour sans échauffement

Depuis fin septembre, début des répétitions, pour 60 euros nets promis par représentation, 19 danseurs originaires des anciennes républiques soviétiques dansent dix heures quotidiennement, sans temps prévu d'échauffement, avec un seul jour de repos par mois. Logés dans un hôtel de Vélizy (Yvelines), ils ont dû dormir à deux par lit avec un repas par jour. Leurs contrats n'ont pas été signés par l'employeur.

"C'était vraiment n'importe quoi dès le départ et les gens ont commencé à se blesser. Mais ils n'ont même pas arrêté la musique et les danseurs continuaient en boitillant, témoigne une danseuse. Comme l'un d'entre eux avait le pied bleu, il a voulu voir un docteur mais la production a dit 'tu sais on va juste prendre une photo de ton pied et on va l'envoyer au médecin et peut-être qu'on te mettra une crème'. Je me suis dit que ce n'était pas possible d'abîmer mon corps pour cette production."

Des danseurs sans salaire à la veille de la première

À la veille de la première, alors que les danseurs n'ont toujours pas été payés, le patron est arrivé avec une mallette de 20 000 euros en liquide. "Il n'y a rien d'illégal jusqu'à preuve du contraire", assure Roland Seropian, responsable d'Aramé production, qui explique que "ce sont des artistes étrangers qui n'ont pas de compte en banque".

La société de production prétend à une co-production mais en réalité c'est en France que sont recrutés les artistes étrangers et le ballet national de Russie mentionné sur l'affiche n'existe pas.

Il y a deux ans, la société France Concert, devenue Aramé Production, avait été condamnée à verser 250 000 euros de salaires impayés à des artistes biélorusses d'une production du Lac des cygnes. France Concert a déposé le bilan sans payer les salaires ni les charges et ses dirigeants travaillent aujourd'hui chez Aramé Production, avec la même licence de spectacle, selon les informations de France Culture. Le site internet et la billeterie portent encore le nom de France Concert.

Des danseuses du spectacle Carmina Burana dénoncent des conditions de travail indignes - un reportage de Cécile de Kervasdoué

Carmina Burana, cantate dansée et chantée de Carl Orff, fait le tour des Zénith de France depuis début novembre et jusqu'au 4 février 2018, et affiche complet dans de nombreuses villes. Une représentation est prévue jeudi soir à Bordeaux, vendredi 15 décembre à Pau, ensuite à Toulouse et à Montpellier.

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