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Hors série Télérama "Degas porté au nu"

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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France Info partenaire du hors-série Télérama "Degas porté au nu", à l'occasion de l'exposition "Degas et le nu" au Musée d'Orsay.

Quelques mois après la mort d'Edgar Degas à l'âge de 83 ans, le 27
septembre 1917, se tient la vente aux enchères de son fonds d'atelier. Il en a
fallu du temps pour établir l'inventaire des milliers d'œuvres que l'artiste
conservait dans son appartement du boulevard de Clichy. Avant d'être
dispersées, elles sont toutes exposées ensemble, pour la première fois. Au milieu
des portraits, des danseuses ou des scènes de champs de courses, qui ont fait
la gloire de Degas de son vivant, le public découvre un artiste qu'il ne
connaissait pas, rarement montré, connu du seul cercle des intimes. Un Degas
concentré depuis plus de vingt ans sur ses recherches en atelier, retiré du
monde. On imagine sans peine la stupeur devant l'ampleur de ces nus dévoilés
par centaines. Des dessins de jeunesse, corps inlassablement étudiés selon les
préceptes d'Ingres, des oeuvres de la maturité, gravures, photographies, pastels
ou sculptures. Des corps de femmes à la toilette, dos ployé, sortant d'une
baignoire ou se grattant le pied. Des fesses replètes ou des hanches décharnées,
des ventres rebondis de prostituées, des cheveux relevés sur des nuques
veloutées, des cuisses ouvertes.

Ces corps de tous les jours ne posent pas, ne sont pas censés être
regardés : ils s'occupent juste d'eux-mêmes. Celui qui fut le capteur sensible
de la vie moderne, portraitiste dans le civil de repasseuses exténuées ou de
ballerines endurcies, a su représenter en privé ces mêmes êtres dénudés avec
une franchise et une véracité encore plus authentiques. Déshabillés de tout
artifice, tout comme lui s'était débarrassé, dans la solitude volontaire de sa
vie, de ce qui aurait pu le détourner de son art. On l'a dit misogyne, voyeur,
cruel. Un siècle après, la persistante humanité de son œuvre prouve l'inverse. Degas
lui-même s'est mis à nu, conscient de la terrible exigence qu'impliquait sa
quête de vérité.

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