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Solidays fête ses 25 ans : trois questions à Luc Barruet, créateur et patron du festival engagé dans la lutte contre le sida

Depuis un quart de siècle, le festival Solidays sensibilise et récolte des fonds pour la lutte contre le virus du VIH. Rencontre avec le créateur de ce festival militant.
Article rédigé par Manon Botticelli
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La foule se presse devant une scène de Solidays, en juin 2022, où se produisait le rappeur Damso. (BENOIT DURAND / HANS LUCAS)

Près de 25 000 personnes sont attendues ce week-end, sur la pelouse de l'hippodrome de Longchamp, en bordure de Paris. Les artistes du festival Solidays s'y installent du vendredi 23 au dimanche 25 juin. A l'affiche de cette édition, des chanteurs ou groupes français et internationaux : Angèle, J Balvin, Shaka Ponk, Juliette Armanet, Hamza… Une centaine d'associations sont également présentes. 

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Solidays sonne différemment dans le paysage des festivals français avec un engagement marqué dès sa fondation. Créé en 1998 par l'association Solidarité Sida, l'ensemble des bénéfices générés par l'événement est reversé à 84 associations en France et à l'international. En 2022, 2,5 millions d'euros ont ainsi été récoltés pour soutenir la lutte contre le virus du VIH.

Cette année, ce n'est pas une édition comme les autres pour Solidays, qui souffle ses 25 bougies. Luc Barruet, créateur de Solidays et patron de Solidarité Sida, a répondu à nos questions avant la montée du son.

Luc Barruet, créateur de Solidays, devant une scène en construction à l'hippodrome de Longchamp, en juin 2023. (Manon Botticelli / Franceinfo)

Franceinfo Culture : Il y a 25 ans, vous avez créé Solidays. Pourquoi avoir choisi un festival de musique comme vecteur de lutte contre le sida?

Luc Barruet : Quand nous avons fondé Solidarité Sida, nous voulions créer un événement mobilisateur pour la jeunesse, qui favoriserait les rencontres. Nous avions le sentiment que la solidarité devait être "mise en scène". Et la musique possède un pouvoir fédérateur.

Cela a été un défi de créer Solidays, comme cela a été un défi de créer Solidarité Sida. Des professionnels et chanteurs, comme Jean-Jacques Goldman, nous ont dit que ça ne "marcherait pas". On a eu la chance que ça fonctionne dès la première année. 

Le festival dure car nous n'avons pas rogné son ADN originel et ses principes. Nous nous battons pour que Solidays reste accessible, que ce soit au moment d'acheter les billets, ou une bière une fois sur place. Nous voulons également choyer nos bénévoles. Ils bénéficieront d'ailleurs de quelques surprises à l'occasion de ce 25e anniversaire.

Aujourd'hui encore, la lutte contre le sidacontinue. Comment les enjeux ont-ils évolué ?

L'enjeu est que la visibilité de ce combat ne disparaisse pas. C'est normal qu'il soit moins visible, car il y a eu des évolutions thérapeutiques et médicales. De moins en moins de personnes décèdent du virus et la plupart des malades vivent heureusement mieux. La peur du sidaest moins forte. Mais la prévention dans les écoles autour des questions de santé sexuelle n'est pas très développée et il y a toujours des inégalités d'accès aux traitements contre le sidadans le monde. Il y a aussi des problèmes de discrimination. On perd du terrain sur la question de l'homophobie en France et surtout à l'international. Dans certains pays d'Afrique, il y a eu d'énormes pas en arrière.

Vous avez évoqué des difficultés pour l'organisation du festival depuis le Covid et l'an prochain avec les Jeux 2024. Doit-on craindre pour l'avenir de Solidays ?

Les prestataires augmentent tous leurs tarifs et ils ne peuvent pas nous aider autant qu'ils l'ont fait par le passé. En deux éditions, nos charges ont augmenté de 25%. L'arrivée des Jeux olympiques de Paris en 2024 pose également plein de difficultés. On risque de manquer de ressources humaines, car beaucoup de professionnels vont travailler sur de longues durées, avec des tarifs à la hausse. Certains de nos prestataires savent déjà que leur matériel ne sera pas disponible l'année prochaine. Indépendamment du fait que l'on soit pro-JO, la réalité est que les Jeux de Paris vont nous coûter beaucoup d'argent. A l'heure où je vous parle, je suis inquiet au sujet de la préparation de Solidays 2024. Il va falloir que l'on trouve de nouvelles manières de lever de l'argent, ainsi que de nouveaux mécènes. Il faut aussi penser à l'après-2024. Comment faire en sorte que les tarifs rebaissent ? Cela va être un motif d'inquiétude.

Aujourd'hui, Solidays est toujours bénéficiaire. L'argent récolté nous permet de financer une centaine de programmes dans 21 pays. Mais nous n'avons pas le droit de faire moins de bénéfices que les années précédentes, car les besoins ne seront jamais moins grands sur le terrain. Nous essayons d'être toujours meilleurs. Avec la montée des charges, nous avons de plus en plus de mal à l'être. Par exemple, 2022 est notre meilleure année en termes de ventes, mais les bénéfices générés n'étaient pas à la hauteur à cause des charges supplémentaires. Cette année, ce sera pareil. Quand on est militant, c'est un problème.

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