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Festival d'Avignon : "Memories of Sarajevo" et "Dans les ruines d’Athènes", la jeune scène française ausculte l’Europe

Au Festival d’Avignon, les deux spectacles de la jeune compagnie "Le Birgit ensemble", enchantent le public en traitant de sujets forts sur l’histoire récente de l’Europe.

Article rédigé par Thierry Fiorile, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
"Dans les ruines d'Athènes", au Festival d'Avignon. (PASCAL VICTOR / ARTCOMPRESS)

C'est une jeune troupe qui explore la mémoire de l'Europe, au Festival d'Avignon. La compagnie Le Birgit ensemble, présente deux pièces autour de deux moments clés de l'histoire récente de l'Europe : le siège de Sarajevo et la crise grecque. 

L'Europe comme une évidence

Les deux metteuses en scène, Julie Bertin et Jade Herbulot, n'avaient que quatre et six ans, quand le siège de Sazajevo a débuté en avril 1992. Ces deux femmes, philosophe et normalienne de formation, sont très attachées au thème de l'Europe, qu'elles considèrent comme une évidence et dont elles auscultent les replis obscurs et les zones d’ombre. 

Jade Herbulot explique que ces pièces sont une manière pour elles "de comprendre ce qu’il y a au fondement de notre sentiment européen, à la fois un projet philosophique généreux de solidarité et des blessures profondes."

"Memories of Sarajevo", au Festival d'Avignon. (CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE)

Destination Sarajevo puis Athènes

Dans Memories of Sarajevo, la scène est coupée en deux. Dans la partie supérieure, les négociations stériles entre les belligérants de l'ex-Yougoslavie et l'Europe des Douze sont reconstituées. En bas, les acteurs jouent des scènes de la vie quotidienne pendant le siège de la capitale bosniaque. C'est un spectacle chorale, brillamment didactique et émouvant à la fois.

Une autre pièce intitulée, Dans les ruines d'Athènes, suit la première représentation. Celle-ci est consacrée à la crise grecque. Sur scène, les négociations entre la Grèce, l'Europe et le Fonds monétaire international (FMI) sont reconstituées avec beaucoup d'humour. Le réel est tordu à travers un jeu de télé-réalité : dans Parthénon story, six jeunes candidats s’enferment dans une maison digne du Loft, le vainqueur verra ses dettes personnelles effacées.

"Memories of Sarajevo", au Festival d'Avignon. (PASCAL VICTOR / ARTCOMPRESS)

Face-à-face entre les deux pièces

Le Birgit ensemble emploie 16 comédiens sur scène. Ces virtuoses passent d'un rôle à l'autre, ils inversent le sexe des personnages historiques, et alternent burlesque et tragique. "L’hétérogène nous plaît, il est nécessaire pour raconter ces épopées, explique Jade Herbulot. La durée des spectacles aussi est nécessaire pour éprouver la transposition du siège de Sarajevo et celle, plus corrosive, de la dette grecque."

Le lien entre les deux pièces est évident selon Julie Bertin : "Dans le cas bosnien, l’Union européenne n’a pas su intervenir et elle est restée passive. Dans le cas grec, au contraire, il s’agit plutôt d’une ingérence ou comment l’Union européenne traite la Grèce et en fait un champ expérimental." La déesse Europe, de la mythologie grecque à la crise grecque en passant par les Balkans, sert de fil rouge à ces deux pièces. Cette brillante épopée brasse toutes les formes théâtrales et elle offre un regard sans concession de la jeunesse sur l’héritage européen.

Le Birgit ensemble explore l'histoire de l'Europe - le reportage de Thierry Fiorile.

"Memories of Sarajevo" et "Dans les ruines d’Athènes" par "le Birgit ensemble", au Festival d’Avignon jusqu’au 15 juillet.

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