Coup d'envoi du festival Paris l'été, version covidproof, au pied de la butte Montmartre
La 20e édition du festival Paris l'été (anciennement intitulé Paris quartier d'été), s'est ouvert ce mercredi 29 juillet au lycée Jacques Decour. Le danseur de l'opéra de Paris François Alu a dévoilé sa carte blanche de quelques minutes. Le moment le plus marquant de la soirée.
"Je suis sentimental, faites-moi un sourire...", le vigile qui fait respecter le port du masque à l'entrée sait qu'il a le sale rôle. Mais sa bonhomie, associée au soleil et au decorum rose et menthe, force la bonne humeur. Le festival pluridisciplinaire Paris l'été s'ouvre, dans une version covidproof imposée. Sous les masques, les spectateurs venus en nombre entrent avec la banane dans la cour d'honneur du lycée Decour dans le 9e arrondissement. Impressionant sous ses airs austères, le bâtiment en impose avec sa flore et ses arches. Les festivités ont lieu dans la cour adjacente, une vraie cour d'école, les chaises longues dépliées y marquent l'été, et le bleu layette des portes rappelle celui du ciel. Avec le platane et les guirlandes, c'est un peu la Provence, Pagnol et Avignon à Paris. De quoi sourire... et contenter le vigile.
Un festival réduit à cinq jours
Créé en 1990, ce festival initialement dénommé Paris quartier d'été propose tous les ans à la belle saison une programmation riche en spectacles et activités variées, allant du théâtre à la magie, du cirque à la musique, en passant par des lectures ou encore des installations. Habituellement sur trois semaines, la pandémie a cette année forcé Laurence De Magalhaes et Stéphane Ricordel, les deux co-directeurs, à réduire l'événement à cinq petites journées. "On n'a pas eu le choix, on avait d'abord prévu d'annuler puis on a finalement un peu improvisé cette version courte et entièrement gratuite du festival. C'était important de faire quelque chose malgré tout, d'être tous ensemble et de boire des coups", explique le couple qui dirige également le théâtre Monfort dans le 15e arrondissement.
Ping-pong, tongs et verres de vin, l'ambiance est celle des soirées qu'on aime, et que seuls les beaux jours permettent. L'hydroalcool et le public clairsemé sont les seuls à trahir un peu. Il faut dire que la jauge de spectateurs a été bien réduite, 120 spectateurs par spectacle, mais ici on circule entre trois cours alors on est plutôt proche des 400. On aperçoit l'actrice Lætitia Dosch, toujours naturelle, elle animera une émission de radio vendredi 31 juillet à 17h sur Nova, "une émission pour les arbres, faite par des arbres", nous explique-t-elle. On ne comprend pas tout mais on lui fait confiance pour que ce soit réussi.
Mais des visages font la mine sur les transats, le comédien Sébastien Barrier est sur sa petite scène, et on n'entend rien. C'est peut être bien, on ne sait pas, on ne comprend pas. "Ça va durer comme ça jusqu'à 22h ?", se demandent deux hommes chapeautés. Les gens attendent surtout François Alu et sa carte blanche dans la cour d'à côté, accompagnés des danseurs Luna Peigné et Nicolas Sannier, ainsi que de la contortionniste Elena Ramos.
François Alu, c'est cette star de l'opéra de Paris qui, à 26 ans s'est constitué un public de fans depuis qu'il est devenu premier danseur en 2013. Son style très sportif et sa personalité détonent. Avec un peu de retard sa carte blanche démarre, de la danse classique avec Luna Peigné d'abord, puis un duo pour quelques minutes qui sidèrent. Entrecoupé d'une animation peu jouissive de Sébastien Barrier, Alu reviendra pour un solo après un instant circassien par Nicolas Sannier et Elena Ramos. Une carte blanche réussie.
Le seul moment fort de la soirée en définitive, car malgré l'ambiance impeccable, notamment grâce au DJ set parfait proposé ensuite par The Man Inside Corrine, la soirée n'a pas su totalement convaincre. L'installation Purple Rain, dans une troisième cour, qui se présentait comme un hommage à Prince et à Chantons sous la pluie, avec des parapluies prêtés pour traverser une cour illuminée de mauve, a étonné par ses douches peu agréables.
Un programme riche et entièrement gratuit
Entièrement gratuit cette année, le festival se tiendra jusqu'à dimanche soir, quasi exclusivement au lycée Jacques Decour, hormis un concert donné samedi à partir de 19h par la chanteuse algérienne Djazia Satour et le groupe Jupiter & Okwess, à bord d'un bâteau allant du pont de l'Alma à la Bibliothèque François Mitterand.
Parmi les 16 propositions, on retiendra la lecture des actrices Judith Henry et Julie Gayet vendredi 31 juillet et samedi 1er août, à 20h. Avec Je ne serais pas arrivée là si..., les deux femmes s'intéresseront au travers de récits individuels à ces rencontres, hasards ou accidents qui marquent et changent une vie. Dans J'ai trop peur, le metteur en scène David Lescot racontera l'angoisse de la rentrée en sixième par les yeux d'un enfant de dix ans (dimanche 2 août à 16h et 19h30). Un spectacle, porté par trois comédiennes, qui devrait mêler tendresse et humour. Du cirque également, présenté dimanche 2 août à 18h par Les filles du renard pâle, qui dans une ambiance rock devraient donner le vertige à plus de quatre mètres de haut. Enfin, Yann Frisch nous mettra un peu de magie dans les yeux dimanche 2 août à 14h et 21h. Ce champion du monde de la discipline en 2012 promet un spectacle minimaliste avec, pour seul matériel, une tasse, une balle et un broc.
"C'est une édition particulière, mais on espère avoir su garder l'ADN du festival", confient Laurence De Magalhaes et Stéphane Ricordel, les yeux qui brillent. Et comme leur visage qui sourit, la culture s'illumine à Paris l'été. On comprend alors mieux le vigile de l'entrée.
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