"La liberté, ça n'est pas donné, ça se conquiert" : Jean-Pierre Kalfon, 81 ans, a toujours navigué entre musique, théâtre et cinéma
Rencontre avec Jean-Pierre Kalfon en marge du festival international du film américain de Deauville. L'acteur soutient le Off-Courts de Trouville qui présente une programmation de court-métrages d'auteurs.
Jusqu'au 12 septembre 2020, le Off-Courts de Trouville présente 46 films en compétition. Un rendez-vous autour de la création que n'aurait raté sous aucun pretexte Jean-Pierre Kalfon. "Dans un court-metrage, il n'y a pas le souci de la rentabilité, chaque jour se tournent des petits films que l'on peut voir le soir", raconte l'artiste dans cet entretien accordé à France 3 Normandie.
Rebelle et fugueur dans sa plus tendre jeunesse, l'homme s'est évidemment assagi avec le temps et les rencontres. Mais aujourd'hui, à 81 ans, Jean-Pierre Kalfon a conservé son bel esprit d'indépendance.
Si j'ai fait du cinéma, du théâtre et de la musique c'est pour échapper à la mécanique
Jean-Pierre Kalfoncomédien
Touche-à-tout et inclassable, cet esprit libertaire a toujours été attiré par l'art d'inventer des univers personnels. Alors qu'il étudie à Paris la décoration, il chante aux terrasses des cafés, fait un passage rapide comme danseur aux Folies Bergère et rentre aux ateliers d'art dramatique au Cours Dullin. Fondateur en 1960 de la compagnie Théâtre 15, il joue aussi au sein du TNP de Vilar. Il débute au cinéma grâce à Jacques Rivette qui le repère dans une pièce de théâtre et le fait jouer dans l'Amour fou (1969) aux côtés de Bulle Ogier. Godard, Truffaut mais aussi Chabrol, les réalisateurs de la Nouvelle Vague tombent sous le charme de cette "gueule" de voyou.
J'aurais pu faire une grosse carrière d'acteur, mais j'ai refusé une dizaine de films avec des premiers rôles. J'étais occupé à faire autre chose
Jean-Pierre Kalfoncomédien
Une tête des bas-fonds mais aussi une voix rocaille, Kalfon "le dissipé" comme il se qualifie était donc occupé à faire d'autres choses. En pleine période Sex, drug and Rock'n'roll, il se teint la moustache en vert et s'évade vers d'autres horizons artistiques. Ce fou d'Elvis revient à la musique, chante pour Bob Marley ou Jacques Higelin, passe des soirées avec Serge Gainsbourg, joue de la batterie dans des groupes de l'underground parisien aux noms aussi farfelus que les Crouille-Marteaux, Sugar Baby Bitch, Rock Chaud, ou encore Monsieur Claude.
Dans les années 70, il émigre six mois au Brésil, passe deux ans à New York, mais revient périodiquement au cinéma, au gré de ses envies.
La liberté c'est pas donné, la liberté ça se conquiert
Jean-Pierre Kalfon
Une vie d'électron libre que Jean-Pierre Kalfon raconte dans l'ouvrage autobiographique Tout va bien M'Man sorti en 2018 aux éditions L'Archipel.
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