Dans l'Eure, un directeur de cinéma fait vivre sa salle en la remplissant des photos de ses habitués
A Bernay dans l'Eure, le directeur d'un cinéma a affiché la photo des habitués sur les 240 sièges de la salle. Une façon de ne pas baisser les bras face à une fermeture qui n'en finit pas.
Située à à mi-chemin entre Evreux et Deauville, Bernay est une petite ville de 10 000 habitants qui a la chance d'avoir un vrai cinéma, Le Rex, dont les 240 places n'ont reçu aucun spectateur depuis le 17 mars, à l'image de toutes les salles françaises.
Face à cette salle désespérement vide, le directeur Bastien Lechevallier a décidé de réagir et de faire vivre les lieux à sa façon. Via une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, il a demandé aux habitants et aux habitués de lui envoyer une photo de leur visage.
"Je m'attendais à avoir une quarantaine de phots de Bernayens qui auraient joué le jeu. Ensuite, j'aurais garni la salle avec des photos de personnages de dessins animés, d'acteurs, de cinéastes. Au final, je n'en ai même pas eu besoin".
En 48h, la salle était pleine et j'ai même refusé du monde qui patiente gentiment dans le hall
Bastien LechevallierDirecteur du Rex
Un lieu qui compte
Le succès fait dire à Bastien qu'il est le "seul cinéma de France à faire salle comble". Quant aux Bernayens qui ont participé à l'opération, ils sont ravis du succès car beaucoup sont attachés au lieu, à l'image de Corinne et Michel, des habitués du Rex :
Ce cinéma, on y tient. C'est un peu notre deuxième salon parce qu'on n'a pas de télé à la maison. Quand on veut voir un film, c'est là qu'on vient.
Corinne et MichelDes habitués du Rex
Pour remercier les habitants de leur soutien, Bastien Lechevallier a publié une nouvelle vidéo dans laquelle il milite pour une réouverture prochaine des salles de cinéma, avant tout pour "repartager des émotions" avec le public devant un grand écran.
Une filière à réorganiser
Pour le moment, cette réouverture est envisagée pour début juillet mais la date est encore très imprécise. C'est d'autant plus compliqué qu'il faut réorganiser la filière.
"Notre matière première, c'est le film. Derrière, il y a toute une industrie qui doit se remettre en ordre de marche. Notamment les distributeurs qui doivent rééditer un calendrier des sorties". Selon Bastien, "trois à quatre semaines sont nécessaires pour pouvoir rouvrir les salles."
Baroud d'honneur
C'est peu de dire que Bastien est très attaché au Rex. Le quarantenaire dirige aujourd'hui ce cinéma ouvert après la Seconde guerre par un ancien militaire, où il a commencé à vendre des confiseries et des billets à l'âge de 18 ans.
Son initiative et sa ferveur sont d'autant plus touchantes que le cinéma de son enfance va disparaître dans quelques mois. Fin 2020, il sera remplacé par un nouveau complexe de quatre salles ultra modernes actuellement en construction. Pour lui, "cette mise en scène, c'est aussi un baroud d'honneur."
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