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Dégringolade en bourse, résultats en baisse : pourquoi Apple souffre

Le groupe dirigé par Tim Cook a publié, mardi, des résultats en régression pour la première fois en dix ans. L'annonce intervient après six mois d'une chute inédite de son cours au Nasdaq. 

Article rédigé par Marion Solletty
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un échafaudage se dresse sur l'Apple Store d'Hong Kong (Chine), le 10 avril 2013. (BOBBY YIP  / REUTERS )

Après les délices du succès, la potion est amère pour Apple. Le groupe vit en ce moment un vrai passage à vide sur le plan financier : il a publié, mercredi 24 avril, un bénéfice net trimestriel en baisse (de 18%), pour la première fois en dix ans.

Surtout, en six mois, le cours de l'action Apple s'est effondré. Elle est passée de plus de 700 dollars en septembre 2012 à 406 dollars le mardi 23 avril au Nasdaq, la Bourse américaine des valeurs technologiques. Pour rassurer ses actionnaires, le groupe a décidé de puiser dans ses (colossales) réserves de liquidités et leur distribuera près de 100 milliards de dollars, via des rachats d'actions et le versement de dividendes.

Pourquoi, alors que ses produits inondent la planète, Apple traverse-t-il un tel passage à vide ? 

Parce que sa capacité à innover s’émousse

Avec sa politique des "coups," de la sortie de l'iPhone en 2007 à celle de l'iPad en 2010, avec toutes leurs versions améliorées, Apple a habitué son public à l'innovation. Mais si les nouvelles sorties tardent trop, l'attente devient insupportable...

Trois ans après la sortie de la dernière véritable nouveauté, l'iPad, les fans d'Apple comme les investisseurs trépignent. "Donnez-nous cette fameuse télé Apple, ou juste quelque chose de nouveau", résume le magazine Wired (article en anglais)

Les spéculations vont bon train sur une future télé Apple (au sens d'un véritable téléviseur intégrant l'actuel boîtier Apple TV) ou une future montre Apple, mais l'une comme l'autre tardent à pointer leur nez. Mardi, Tim Cook, le patron de la marque à la pomme, a promis des "surprises" et des "nouveaux produits très excitants" à partir de l'automne. Mais certains doutent déjà de sa capacité à porter l'innovation au sein du groupe, comme pouvait le faire Steve Jobs, mort en octobre 2011. 

Parce que les concurrents se réveillent

Certes, Apple est encore loin d'être à plaindre sur le plan commercial. L'iPad, notamment, s'arrache, avec 19,5 millions d'exemplaires vendus au 1er trimestre 2013, soit une progression de 65% sur un an. La hausse des ventes est moins forte pour le produit phare de la marque, l'iPhone, mais les chiffres restent plus qu'honorables, avec 37,4 millions d'exemplaires écoulés, en progression de 7% sur un an.

Mais le temps de la domination totale d'Apple est terminé. Sur les smartphones, Samsung en particulier lui oppose une concurrence féroce avec sa gamme Galaxy, dont le dernier né, le S 4, doit sortir quelques jours après la publication des résultats d'Apple. Le HTC One, sorti quelques jours auparavant et applaudi par la presse spécialisée, à l'instar de TechCrunch (article en anglais), espère bien grignoter aussi quelques parts de marché.

Face à la concurrence, Apple pourrait bien être obligé de toucher à une de ses spécificités : ses prix. A 679 euros sur l'App Store, l'iPhone 5 est le plus cher sur le marché. Or "une transition vers des modèles à prix plus bas pourrait sérieusement entamer ce qui est devenu la source de revenus la plus importante d'Apple", souligne Fortune (article en anglais)

Parce qu’Apple a un problème d’identité

Pour certains, les déboires d'Apple en Bourse sont liés à un problème d'identité du groupe : Apple serait traité par les investisseurs comme un fabricant de matériel informatique (hardware, en anglais), à l'instar de Dell ou HP, plutôt que comme un producteur de logiciels, comme Microsoft.

C'est la thèse défendue par le Wall Street Journal. "La distinction est importante, explique le quotidien américain. Si [Apple] continue d'être vu comme une entreprise de hardware, sa performance – soutenue par des produits comme l'iPhone et l'iPad – pourrait s'infléchir lorsqu'une part croissante de la population sera équipée de smartphones et de tablettes, et que les goûts des consommateurs changeront." Les entreprises concentrées sur le logiciel, elles, sont considérées comme ayant des revenus plus durables, et donc des rendements à long terme plus élevés, développe le Wall Street Journal.

Mais tout le monde ne partage pas cette analyse : pour le site ZDNet (article en anglais), le caractère hybride d'Apple est depuis longtemps intégré par les observateurs. Selon le site spécialisé, le cours en Bourse d'Apple reflète simplement un retour à la réalité après une période d'euphorie plus ou moins irrationnelle. La rançon du succès, en somme.

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