Degas et le nu
Sur France Info dans "Sortir, écouter, voir", Claire Baudéan parle de
l'actualité artistique et culturelle. Mercredi, jeudi et vendredi à
5h40, 10h25, 15h25, 16h55, 23h55. (Ré)écoutez sa chronique du vendredi 16 mars pour l'ouverture de l'exposition "Degas et le nu" :
Le nu : une constance dans la carrière de Degas
La représentation de corps nus
est une constante tout au long de la carrière de Degas qui revient
inlassablement sur certains motifs, n'hésitant pas à reprendre certaines poses
à plusieurs décennies d'intervalle. Les nus de Degas témoignent dès lors plus que
tout autre genre de ses évolutions à la fois techniques et plastiques et
offrent à eux seuls une véritable rétrospective permettant de comprendre
pourquoi Degas est un artiste aussi important pour l'histoire des avant-gardes
au XIXe siècle.
Avec son travail sur le nu , Degas fait la synthèse de
l'enseignement classique qu'il a reçu et de l'art des grands maîtres du passé
qu'il a admiré et copié tout en élaborant des formules plastiques en conformité
avec son époque, du naturalisme des années 1870-1880 à ses recherches sur le
mouvement et la radicalité formelle de la fin de sa carrière. Reliant la
tradition en vigueur au XIXe siècle, aux avant-gardes du début du XXe siècle,
il est admiré par Bonnard, Matisse et Picasso à leurs débuts.
L'exposition propose un parcours
chronologique en sept sections mettant en valeur les ruptures et les
continuités au cours de près de 50 ans d'activité artistique : sa formation est
d'abord évoquée par des études d'après l'Antique, les grands maîtres et le
modèle vivant jusqu'à sa première composition historique, Petites filles
spartiates provoquant des garçons, exceptionnellement prêté par la National Gallery
de Londres. Scènes de guerre au Moyen Âge, sa dernière tentative académique en
1865, accompagné d'un ensemble complet de dessins préparatoires rarement
exposés montrera ensuite l'émancipation progressive de Degas à l'égard de la
tradition et qui le mène au réalisme incarné par le très célèbre Intérieur dit
aussi Le Viol du Phildelphia Museum of Art. La rupture définitive avec l'idéalisation
des formes passe après par la série des monotypes de maisons closes dont le
caractère pornographique les a rendus immontrables pendant de longues années.
Degas s'intéresse
progressivement à la représentation des femmes de son temps auxquelles il
parvient à donner une certaine majesté grâce à des innovations techniques comme
le monotype (procédé d'estampe sans gravure) aux subtils clair-obscur et
surtout le pastel. L'exposition bénéficie, malgré leur fragilité et leur
sensibilité à la lumière de la présence de pièces prestigieuses, autour de deux
versions du Tub , de cette technique que Degas porte au plus haut degré d'achèvement.
Enfin, une exploration de toutes les techniques employées par l'artiste,
peinture, sculpture, fusain, pastel guidera le visiteur dans l'émancipation de
Degas à l'égard de l'exactitude naturaliste dans une quête du mouvement et d'une
simplification des formes, la dernière section étant consacrée à l'héritage
laissé par Degas aux générations d'artistes qui prennent sa suite. Le
tempérament d'innovateur de l'artiste sera particulièrement mis en avant par l'étude
de la circulation entre toutes les techniques qu'il a mis en œuvre, révélant un
autre Degas dans l'émergence de la modernité artistique en Europe. Une
attention particulière a été portée à la mise en contexte de cette œuvre
polymorphe avec une sélection limitée et choisie d'œuvres d'artistes ayant
inspiré Degas, ayant travaillé concomitamment ou ayant fortement influencé par
son art de son vivant.
Pour plus d'informations, consultez le site du Musée d'orsay.
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