DE L'ALLEMAGNE : 1800-1939, DE FRIEDRICH À BECKMANN
Découvrez l'exposition à travers une Visite Virtuelle réalisée par Jean-Luc Grzeskowiak et Stéphanie Berlu :
Riche de plus de deux cents œuvres, l'exposition
propose une réflexion autour des grands thèmes structurant la pensée allemande
de 1800 à 1939. Elle replace la création artistique et les artistes, de Caspar
David Friedrich à Paul Klee, de Philipp Otto Runge à Otto Dix, dans le contexte
intellectuel de leur création et les confrontent aux écrits des grands penseurs
au premier rang desquels figure Goethe.
De la fin du XVIIIè siècle à la veille de la Seconde Guerre mondiale,
l'histoire de l'Allemagne est marquée par la constitution difficile de son
unité politique dans le cadre de l'Europe des nations qui se met alors en
place. Multiconfessionnelle, marquée par une discontinuité géographique, par un
flottement dans ses frontières, par des contextes politiques et culturels très
différents, voire antagonistes, l'Allemagne doit faire émerger l'unité
sous-jacente à l'ensemble des Allemands, de la Bavière à la Baltique, de la Rhénanie
à la Prusse. La notion de " Kultur ", concept hérité de la philosophie des
Lumières, est apparue comme déterminant pour constituer le terreau sur lequel
inventer une tradition allemande moderne. Si l'occupation napoléonienne a pu
favoriser la prise de conscience de cette unité, fournissant l'arrière-plan
politique aux premières expérimentations romantiques, la montée du nazisme, à l'autre
bout du parcours chronologique, a mis en évidence la dimension tragique de ce
concept, sans pour autant réussir à l'anéantir.
L'exposition analyse la façon dont les beaux-arts, du
romantisme à la Nouvelle Objectivité, ont pu participer à ce mouvement d'une grande
liberté de composition et d'invention, toujours avide de réinventer une
tradition allemande.
Caspar David Friedrich, L'Arbre aux corbeaux, 1822,huile sur toile, 59 x 73 cm. Paris, musée du Louvre© RMN Grand Palais (Musée du Louvre) / Michel Urtado
L'exposition se déroulera en trois mouvements :
1. Apollinien et dionysiaque
Placée sous les auspices de Goethe et de Nietzsche,
cette section montrera le désir récurrent, chez les artistes, d'un ailleurs
temporel et géographique, entre une Italie où se développent, avec les Nazaréens,
puis les Deutsch-Römer (Hans von Marées en particulier), les fondements d'un
art qui se veut allemand et moderne et une Grèce rêvée, patrie des arts, prise
entre pureté classique et déchaînement vital. Cette section présentera des
oeuvres de Gottlieb Schick, des Nazaréens, de Moritz von Schwind, de Caspar
David Friedrich, Friedrich Schinkel, Arnold Böcklin, Hans von Marées, Franz von Stuck, Max Beckmann....
*2. Le paysage comme histoire de Caspar David Friedrich
à George Grosz.*
Placée sous les auspices de la théorie morphologique
de Goethe et de ses écrits sur la peinture de paysage, cette section montrera comment
le romantisme a tenté d'ériger la peinture de paysage comme peinture d'histoire
(en partie contre les hiérarchies classiques françaises), en rompant avec le
paysage composé héroïque où l'homme demeure le centre et en faisant de la
nature le protagoniste principal. Elle exposera des oeuvres de Jacob Philip
Hackert, Joseph Anton Koch, Carl Gustav Carus, Philip Otto Runge, Paul Klee,
Otto Dix, Franz Radziwill, George Grosz... Une grande salle sera bien évidemment
consacrée à Caspar David Friedrich.
3. Ecce Homo. Humain/Inhumain
La section s'ouvrira avec la fameuse Forge de
Menzel, image héroïsée d'hommes au travail, les nouveaux cyclopes, à l'aube de l'unité
sous l'égide de la Prusse. Puis elle envisagera le traumatisme suscité par la
Première Guerre mondiale et par la révolution de 1919, qui signèrent de façon
tragique l'échec de l'unité de la communauté, jusqu'à l'avènement du nazisme et
l'exposition des " Artistes dégénérés " en 1937. Elle se concentrera sur l'articulation
entre la notion de culture (qui a construit l'identité allemande) et barbarie.
Elle montrera la façon dont les peintres ont répondu à l'idéologie. A travers
la tension entre les représentations de l'individu et de la masse, entre le particulier
et le type, entre la singularité individuelle des visages de l'homme et les
canons d'une beauté pseudo-classiques, c'est la question de l'humain et de la
souffrance comme révélatrice de l'humain qui est posée. D'où la vogue du thème
de l'Ecce homo. La section exposera des œuvres de Adolphe Menzel, Lovis
Corinth, Otto Dix, George Grosz, Max Beckmann, Christian Schad...
L'exposition, qui s'inscrit dans le cadre de la
commémoration du traité d'amitié franco-allemande de l'Elysée signé en 1963 par
Charles de Gaulle et Konrad Adenauer, bénéficie de prêts exceptionnels de très
nombreux musées allemands, mais aussi des autres pays d'Europe, de Russie et
des Etats-Unis. Elle sera, en outre, introduite par une oeuvre inédite d'Anselm
Kiefer installée dans la rotonde d'entrée.
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