Dans le Rétro : la fin tragique de Daniel Balavoine, engagé sur le Paris-Dakar 1986
Profitant de la logistique du rallye Dakar 1986, Daniel Balavoine se rendait au Sahel dans un but purement humanitaire. Il acheminait lui-même des pompes à eau pour le Niger et le Mali. C'est au cours de cette opération que le chanteur de 33 ans a perdu la vie, de façon tragique, en plein désert du Mali. L’hélicoptère qui le transportait avec Thierry Sabine, l'organisateur de la course, a effectué plusieurs loopings puis s’est désintégré après avoir heurté une dune de sable. Trois autres passagers ont péri dans le crash : le pilote François-Xavier Bagnoud, la journaliste du Journal du Dimanche Nathalie Odent et le technicien radio de RTL, Jean-Paul Le Fur. Un choc pour le rallye Dakar et pour toute une génération.
La passion des sports moteurs et le goût de l’aventure
Amoureux des belles mécaniques (autos et motos), Daniel Balavoine vouait une grande passion pour les sports moteurs. Son goût pour l’aventure va le conduire à participer au Paris-Dakar en 1983. Il prendra le départ comme co-pilote de Thierry Deschamps. Mais des problèmes mécaniques vont mette un coup d’arrêt à cette première aventure. Contraint d'abandonner, Balavoine décide de poursuivre l’épopée en accompagnant la caravane du rallye. Ce qu'il découvre alors de l’Afrique, notamment le désert du Ténéré dans le sud-Sahara, va profondément le marquer. L'extrême pauvreté des populations, la famine… vont l’inciter, dès son retour, à produire un album engagé Loin des yeux de l’Occident. Il deviendra Disque d’or. Une prise de conscience qui va le pousser vers son engagement humanitaire sur le continent.
En 1985, Balavoine tente une nouvelle fois le rallye Dakar, en compagnie cette fois de Jean-Luc Roy, avec qui il partage le volant. Juste avant le départ, le chanteur livre les multiples raisons qui le poussent à prendre part au rallye : "Je participe au Paris-Dakar pour à peu près les mêmes raisons que les trois-quarts des gens qui le font. C’est-à-dire pour le sport, le voyage, l’aventure, pour l’amour de la voiture, pour l’Afrique, pour la beauté du paysage, pour rencontrer des gens différents. Je ne sais pas, pour vivre autre chose".
Pour une cause humanitaire
Et pour vivre autre chose, son ultime participation en 1986 sera elle, placée sous le sceau de l’humanitaire. L'auteur compositeur de Partir avant les miens prend part au rallye, non pour disputer la course mais pour superviser l’opération humanitaire "Paris-Dakar, pari du cœur". L'objectif de cette mission : installer des pompes à eau hydrauliques dans certaines régions reculées. C'est dans cette perspective que Balavoine s’est retrouvé cette fois dans les airs, à bord de cet hélicoptère.
Le 14 janvier s’ouvre la 14e étape du Paris-Dakar qui relie Niamey, la capitale du Niger à Gourma-Rharous, au Mali. Après un entretien avec le gouverneur malien à Gao puis le coup d’envoi d’un match de football, Thierry Sabine et Daniel Balavoine s’envolent avec les deux autres passagers et le pilote pour rejoindre le bivouac de Gourma-Rharous, arrivée de l’étape. Alors que la nuit tombe, des rafales de vent rendent le vol de plus en plus délicat. Vers 19h20, l’hélicoptère qui vole en rase-motte au-dessus d’un terrain plat heurte une dune de sable, tuant sur le coup les cinq passagers à bord.
Gérard Fusil, grand reporter à Europe 1, qui couvrait le rallye, raconte : "Le terrain était très très plat, il y avait une très mauvaise visibilité et l'hélicoptère s'est d’abord posé une fois puis a redécollé en suivant un peu les phares d'une voiture. Seulement, ils n'ont pas vu à un certain moment que la voiture montait alors qu'il y avait une dune de trente mètres, la première depuis 150 km, et l'hélicoptère s'est crashé ; ils sont morts sur le coup."
La fin tragique de Daniel Balavoine et ses quatre compagnons d’infortune marquera à jamais et le Paris-Dakar et toute une génération. La course se poursuivra mais le cœur n’y sera plus. Claude Brasseur qui participait à cette 8e édition dira, la mort dans l’âme : "Pourquoi n’a-t-on pas arrêté la course quand le petit concurrent japonais a eu un accident, quand Baron a eu un accident, quand une journaliste, il y a deux ou trois ans a eu un accident. Donc vis-à-vis de l’équité humaine, il n’y a aucune raison que le rallye s’arrête."
Rapatrié quelques jours après l’accident, Daniel Balavoine sera inhumé le 20 janvier 1986 au cimetière de Ranquine, à Biarritz. Il laissera derrière lui un répertoire foisonnant, et à toute une génération, un grand sentiment d’amertume et d’injustice. Daniel Balavoine demeure encore aujourd’hui, l’un des artistes francophones les plus populaires.
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