Musée Carnavalet, atelier Zadkine, maison de Victor Hugo : quand des lieux d'exposition s'ouvrent à la pratique sportive dans le Paris olympique

"Il y a vingt ans, cela n'aurait pas été possible" : passionnés de cultures artistique et physique peuvent désormais marier leurs deux passions dans un seul et même lieu et faire de l'exercice dans plusieurs musées parisiens, en suivant des parcours proposés tout l'été.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Le jardin du musée Zadkine à Paris (2023). (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS / AFP)

À l'approche des Jeux olympiques qui se déroulent du 26 juillet au 11 août, il n'est plus incompatible de venir au musée comme dans une salle de gym, baskets aux pieds, gourde à la main et sac au dos – qu'on portera sur la poitrine pour ne pas bousculer les pièces exposées – et de s'entraîner au milieu d'œuvres d'art.

Jusqu'au 25 août, Paris Musées propose des "marches culturelles et sportives". Sur deux parcours (centre, avec notamment le musée Carnavalet et la maison de Victor Hugo, et sud, dont le musée Zadkine et celui de la Libération), les participants pourront combiner œuvres d'art et exercices physiques.

Corps et âme

La guide et coach sportive Julie Pelloille, qui anime ces "marches sportives et culturelles", s'arrête devant l'entrée du musée Zadkine, dans 6e arrondissement de Paris, l'ancien domicile et atelier d'Ossip Zadkine. Né en 1888 à Vitebsk, aujourd'hui au Bélarus, installé à Paris au début du XXe siècle, l'artiste est considéré comme l'un des plus grands maîtres de la sculpture cubiste.

Julie Pelloille fait sa présentation avant d'entrer au jardin "parce qu'après, vous ne m'écouterez plus", subjugués par la beauté du lieu, beaucoup plus petit et moins connu que les Louvre, musée d'Orsay ou Centre Pompidou, à l'image d'autres musées qui font partie de ce parcours.

Après les sculptures de Zadkine célébrant les joyeux corps en mouvement avant la guerre, disloqués après 1945, place au "thrusters" pour les visiteurs. Cet exercice clé du crossfit, discipline très à la mode ces dernières années en France, consiste à enchaîner une flexion sur jambes (squat) et un développé, sollicitant de nombreux groupes musculaires. Dans ce cadre artistique, le crossfit, une pratique sportive pluridisciplinaire, généralement associé "aux gens très musclés" et qui pourrait sembler "inaccessible" apparaît comme "ludique" et "inclusif", estime Julie Pelloille.

C'est aussi vrai dans l'autre sens : on percevrait mieux les œuvres d'art après une marche dynamique et des exercices, ce qui constitue "la philosophie" de ce projet, ajoute-t-elle. "Il n'y a pas une fracture ou une frontière étanche entre les sportifs et les pratiques de loisirs culturels", assure Frédérique Leseur, cheffe du service des publics chez Paris Musées, à l'origine de l'initiative. Donner le goût de "bouger et d'ouvrir l'œil" à des publics pas forcément acquis aux musées pourrait les inciter à revenir dans ces établissements, gratuits, veut croire la responsable.

Sport et havre de paix

Le parcours commence dans le musée de la Libération de Paris, où l'on descendra et remontera 100 marches pour s'échauffer et visiter un abri de défense passive transformé en salle d'état-major qui jouera un rôle décisif dans la Libération de Paris en 1944. La directrice de l'établissement, Sylvie Zaidman, accueille cette "descente" sportive avec sourire. "Il y a 20 ans, cela n'aurait pas été possible", confie-t-elle. "Aujourd'hui, on est vraiment rentré dans une ère où la génération qui a vécu la Résistance s'est éteinte", souligne-t-elle.

Le musée "s'ouvre à tous les publics" et cherche à "raconter une histoire, insister sur les valeurs, parler de la liberté et de la privation de liberté" avec des moyens qui auraient pu paraître "décalés" comme des escape games ou des casques de réalité mixte pour "rencontrer" les Résistants. "L'inattendu, c'est très important pour se renouveler", insiste Sylvie Zaidman.

La marche, censée être accessible pour le grand public, ne passera pas par les catacombes toutes proches afin de ne pas mettre mal à l'aise cardiaques et claustrophobes. En revanche, on travaillera sa posture en plein air, avant d'accélérer le pas pour passer au plus vite l'agitée et bruyante place de la gare Montparnasse et mieux apprécier le havre de paix du musée Bourdelle, à quelques encablures.

Au son de chants d'oiseaux, on travaillera l'équilibre et on se renforcera les mollets au pied de la sculpture de Héraklès archer d'Antoine Bourdelle montrant la beauté des muscles contractés, au milieu des hortensias.

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