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Au cœur de la Provence, le rosé varois s'est fait une place parmi les grands vins

L'appelation Coteaux varois a vu son chiffre d'affaires s'envoler d'années en années grâce à une quart de siècle de travail, d’investissement et de savoir-faire. Reportage.

Article rédigé par Isabelle Dor
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le rosé AOC Coteaux varois du vignoble du Château La Calisse à Pontevès. (DOMINIQUE LERICHE / MAXPPP)

Avec le retour des beaux jours, il y a aussi les apéritifs. Et à ce jeu-là, le rosé de Provence s'est fait une belle place au soleil ces dernières années. De grands chefs le proposent même aujourd'hui à leurs tables. Parmi eux, il y a un petit poucet en train de devenir un géant : l'appellation des Coteaux varois, créée il y a 25 ans. 

Ce matin-là, à la maison des vins des Coteaux varois, à La Celle, deux viticulteurs, un négociant et l'œnologue Bernadette Tourelle participent à une dégustation de contrôle pour le millésime 2016. "On a joli millésime cette année, affirme Bernadette Tourelle. On obtient bien ce caractère fruité, ce caractère floral, l'intensité, la complexité. On a vraiment des rosés pâles, il y a une belle fraîcheur."

Il y a quelques années, on parlait de "piquette"

Les rosés de Provence font désormais partie des grands vins. "Le rosé est devenu un vin à part entière depuis une vingtaine d'années, comme un blanc et un rouge, indique l'œnologue. Ces vins "sont les plus difficiles à élaborer", assure-t-elle, ils demandent "une grande maîtrise de la matière première, le raisin", et une "grande technicité en cave pour éviter toutes les oxydations".

L'appellation Coteaux varois réunit 75 domaines répartis sur 28 communes, entre Saint-Maximin-la-Sainte-Baume et Brignoles. Bruno Latil, surnommé "l'ancêtre", produit du rosé depuis 30 ans à Brignoles. En 1978, quand il succède à ses parents, on parlait de "piquette" : "Je lisais dans les magazines que le rosé était une production confidentielle et qui le deviendrait de plus en plus, raconte-t-il. Cela voulait dire qu'on allait disparaître. Heureusement, on était quelque uns à croire en l'avenir". Ils investissent alors dans le vignoble, dans les caves et dans la formation du personnel. "Le résultat ne s'est pas fait attendre", se réjouit-il, confiant que son plus grand espoir est qu'un jour on parle de rosés "comme on parle de très grands vins".

Ce n'est pas un vin compliqué comme un rouge où il y a des arômes, du bouquet. C'est un vin simple, facile à boire.

Bruno Latil, viticulteur à Brignoles

à franceinfo

Dans le Var, de jeunes agriculteurs travaillent avec acharnement à obtenir ces grands rosés. C'est le cas de Nicolas Pau qui a repris, en 2010, le domaine familial de La Celle. Quand il a commencé ses études de viticulture et d'œnologie, son père a tenté de le dissuader, "il ne fallait surtout pas faire ce métier en Provence", raconte le jeune homme qui se félicite d'avoir misé sur le rosé.

"Aujourd'hui, la donne a complètement changé et j'ai triplé le chiffre d'affaires en sept ans, précise Nicolas Pau qui, grâce à cela, a pu faire "de gros investissement", notamment construire un nouveau chais en 2014 "avec toutes les dernières technologies" pour "être toujours à la page" et "produire des rosés de qualité". "Dans le futur ça va continuer à aller sur cette tendance", conclut-il.

Chiffre d'affaires en hausse de 60% en six ans

Le rosé varois est celui du cœur de la Provence : un terroir bien particulier et un assemblage de cépages : grenache, syrah, cinsault pour les principaux, et  cabernet, carignan et rolle pour les secondaires.

On a un terroir à 300 m d'altitude, qui nous permet d'avoir des rosés frais avec une certaine acidité, et un terroir argilo-calcaire qui craint moins la sécheresse.

Pascal Cortez, président de la coopérative de Saint Maximin

à franceinfo

Aujourd'hui, 90% de la production viticole du Var est en rosé et la demande ne fait que croître. Une progression "spectaculaire", estime même Philippe Bréban, le directeur du syndicat des Coteaux varois : "La production globale a plus que doublé, 60 000 hectolitres en 1993 et pratiquement 130 000 hectolitres en 2016. Les rosés, eux, ont quasiment triplé", indique-t-il. Le chiffre d'affaires de la filière rosé a progressé de près de 60% en six ans pour atteindre 138 millions d'euros en 2016.

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