Yared Zeleke, le premier Ethiopien sélectionné à Cannes dans la catégorie "Un Certain Regard"
![Yared Zeleke, mai 2015, à Paris
(ALAIN JOCARD / AFP)](https://www.francetvinfo.fr/pictures/hPyF6vZQ3Io87ukKrdXDo1vbM8g/98x0:1675x887/432x243/2019/04/12/000_par8166247.jpg)
"Je me sens vraiment reconnaissant, chanceux, et fier de représenter cette partie du monde", a confié le cinéaste à l'AFP. Il a appris la nouvelle de sa sélection alors qu'il était en train de faire le montage son de son film. "Ca a vraiment illuminé ma journée, ma semaine, mon année, ma vie!", lance en riant le réalisateur.
Sélectionné à Cannes dans la section dénicheuse de talents "Un certain regard", "Lamb", tourné en Ethiopie, est son premier long métrage. Le film raconte l'histoire d'Ephraim, un enfant de neuf ans qui, après avoir perdu sa mère, est envoyé par son père chez des parents éloignés dans la montagne, accompagné de son inséparable brebis Chuni. Mais son oncle lui demande d'abattre sa brebis pour une fête. Il va alors devoir inventer des stratagèmes pour la sauver.
Le cinéma africain est "très fragile", dit Yared Zeleke. Financer des films de ce continent, "c'est un défi, jusqu'à ce que les gens commencent à s'ouvrir à l'idée que quelque chose puisse venir de cette partie du monde", ajoute-t-il. Mais "alors que l'économie se développe, que de plus en plus de gens sont éduqués, il est temps pour nous, Africains, de raconter nos propres histoires, nourries de nos vies, de nos expériences".
En écrivant l'histoire de "Lamb", le cinéaste a voulu d'une certaine façon parler de sa propre histoire, celle d'un "paradis perdu". "J'ai été envoyé aux Etats-Unis, le pays de tous les rêves pour un Ethiopien à cette époque, et peut-être encore maintenant. Mais pour moi, c'était comme un cauchemar, parce que je ne voulais pas quitter ma famille et mon pays", explique le jeune homme, auquel "cela fait du bien d'être de retour". A travers notamment la société de production qu'il a cofondée, Yared Zeleke veut aussi "aider le secteur du cinéma" en Ethiopie. Car, explique-t-il, dans son pays, "il n'y a pas encore d'institutions ou de financements pour soutenir la croissance du cinéma.". "J'aimerais ouvrir des vidéo-clubs pour que les gens aient accès à des films du monde entier, j'aimerais enseigner le cinéma à l'université, ou monter des ateliers pour les acteurs et les professionnels du cinéma".
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