"Willy 1er", un premier film politiquement incorrect et réussi
Premier film de quatre anciens élèves de l'école de cinéma de Luc Besson, "Willy 1er" est sorti mercredi 19 octobre. Un film fort, drôle et impudique sur la misère sociale.
Willy 1er, c'est le premier film de Ludovic et Zoran Boukherma, Marielle Gautrier et Hugo Thomas, fraichement sortis de l'école de cinéma de Luc Besson. On est presque dans le documentaire, car l'histoire de ce Willy est très inspirée de la vie de Daniel Vannet. Il raconte un homme de 56 ans, vivant dans le Nord, encore sous curatelle, longtemps analphabète, et dont le parcours vers l'autonomie a été long et douloureux.
C'est un film fort, drôle aussi, mais volontairement impudique sur la misère sociale.. On pourrait également dire "politiquement incorrect" à en voir certaines critiques gênées. Comme si parler de misère au cinéma induisait une pudeur polissée. L'adjectif "voyeuriste" apparu ici où là s'avère assez ridicule. Ce premier film a les imperfections de l'âge de ses réalisateurs. Mais il en a aussi la fougue et le culot.
Daniel Vannet rejoue sa vie
Oui, Willy est l'idiot du village, l'illettré dont tout le monde se moque. Qand son frère jumeau se suicide, ses parents veulent le placer dans un centre spécialisé. Il se rebelle et décide d'enfin se prendre en main.
Daniel Vannet joue lui même Willy. Le casting est d'ailleurs presque entièrement amateur, mise à part Noémie Lvovski, venue aider les jeunes réalisateurs, et qui, ici, incarne une accompagnatrice sociale. La propre vie de Daniel Vannet, qu'il ne dévoile pas entièrement, est encore plus dure que celle de son personnage, Willy. Depuis quelques années, il reçoit l'aide de l'association Mots et merveilles à Maubeuge (Nord), qui lui a permis de sortir de l'illettrisme et de devenir autonome.
On a voulu restituer la dureté du regard que les gens posaient sur Daniel
Daniel Vannet est fier d'avoir vécu cette expérience, même s'il n'était pas facile de revivre des moments d'humiliation, quand à 50 ans passés, il vit enfin seul et découvre par exemple que, dans le bar du coin, on abuse de sa naïveté.
Si vous voulez vous en sortir, faites comme moi
Il y a un petit côté Affreux, sales et méchants dans Willy 1er. Totalement assumé : il un peu facile de faire des films qui nient la violence faite aux faibles dans les milieux "défavorisés". Là, elle est montrée, comme sont montrées la volonté de Willy, qui finit par se faire respecter, et une belle amitié entre lui et un jeune homosexuel, qui lui non plus n'est pas épargné, dans ce coin de France abandonné.
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