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William Friedkin explose dans le coffret 4K de "Police Fedérale Los Angeles"

Quand William Friedkin ("French Connection", "L’Exorciste ", "Killer Joe") sort "Police Fedérale Los Angeles" en 1985, le succès n’est pas au rendez-vous et la critique boude le film. Il faut dire que son titre français insipide ne l’aide pas, alors que l’original est bien plus parlant : "To Live ans Die in L. A". Le film est depuis reconnu comme un des meilleurs polars jamais réalisés
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
"Police fédérale Los Angeles" : coffret DVD/Blu Ray
 (Carlotta Films)

Le bien et le mal

Lancé sur la banale intrigue d’un flic vengeant son coéquipier assassiné, "Police Fedérale Los Angeles" s’oriente vers une dérive obsessionnelle et dangereuse. Richard Chance (William L. Petersen) entraîne à sa suite son nouveau partenaire John Vukovich (John Pankow) sur les traces d’un faux monnayeur, Rick Masters (Willem Dafoe), doublé d’un artiste torturé. Les moyens qu’il utilise enfreignent les lois et un agent du FBI sera tué.
Ce n’est pas la première fois que Friedkin explore la frontière floue entre le bien et le mal, dans l’usage de méthodes policières qui se confondraient avec celles de la pègre. "French Connection" (1971) en est la meilleure démonstration. Avec "Police Fedérale Los Angeles", le cinéaste pousse le bouchon plus loin. Chance a plus d’un point commun avec le Popeye de 71 (Gene Hackman) : tous deux sont des jusqu’au-boutistes, dopés à l’adrénaline. Ils entraînent dans leur sillage leur coéquipier dans un processus d’investigation contraire à la déontologie, et mortel.

Dans "Police Fedérale Los Angeles", Willem Dafoe campe un faussaire charismatique, violent, tranchant comme un rasoir, accompagné d’un homme de main brutal et implacable. La scène de fabrication de faux billets, très documentée, reste anthologique, avec un montage au cutter sur la musique dynamique et puissante de Wang Chung. Cette dernière participe par ailleurs du lyrisme et de la violence du film. Très efficace.
William L. Petersen et John Pankow dans "Police fédérale Los Angeles" de" William Friedkin
 (Splendor Films)

Friedkin égal à lui-même

William Friedkin confirme son adhésion à un cinéma nerveux, tendu, à l’image de ses personnages. Son film transpire la sueur sous la lumière écrasante d’un Los Angeles étouffant. La photographie  du grand chef opérateur allemand Robbie Müller (qui a beaucoup oeuvré avec Wim Wenders) apporte beaucoup à cette atmosphère suffocante. La course poursuite qui se termine à contresens sur l’autoroute est des plus spectaculaires, parvenant à dépasser celle, pourtant mythique, de "French Connection". 
Willem Dafoe dans "Police fédérale Los Angeles" de William Friendkin
 (Splendor Films)
Avec tous ces ingrédients, "Police Fedérale Los Angeles" s’avère un des films majeurs et emblématique des années 80, sans prendre une ride. Très noir et pessimiste, il reste à l’image d’un cinéaste passé par des épreuves, à l'époque, mais en pleine possession de ses moyens.

Bonus

Des bonus à foison accompagnent cette restauration somptueuse de "Police Fédérale Los Angeles". William Friendkin est, comme l’on dit dans la profession, un "bon client". Il n’est pas avare en anecdotes sur un tournage, sa mise en scène, lui-même, ses confrères, son amour du cinéma… Ce qui se vérifie dans le making-of du film. Sa collaboration avec Gérard Petievich, l’auteur du roman adapté, jusqu’à la réalisation de la fameuse poursuite, morceau de bravoure de ce polar sombre et incandescent. Les commentaires audios du réalisteur sont par ailleurs également très riches..

Les acteurs disent tous avoir fusionné avec le cinéaste sur le plateau. Ce qui contraste avec les témoignages d’autres comédiens par le passé, Friedkin passant plutôt pour tyrannique, allant jusqu’à tirer des coups de feu ("L’Exorciste") pour augmenter la tension…
"Police fédérale Los Angeles" de William Friedkin
 (Splendor Films)
Le sujet sur les créateurs de la musique, Jeremy Ryder et Nick Feldman (qui composent le groupe Wang Chung), est une aubaine. Ils racontent leur collaboration sur le film, combien ils furent touchés par cette commande, et leur processus de création. Un sujet rare, tant la musique de films est négligée le plus souvent.

Des scènes coupées - notamment une fin alternative ridicule demandée par la production tant l'originale est inattendue -, tournée par Friedkin tout en sachant qu’il ne l’intègrera pas au film, montre la détermination du maître.

Un magnifique livre accompagne cette sortie DVD/Blu Ray. Ouvrage collectif écrit par l'équipe de la revue "Septème obsesssion", il analyse le film sous différents angles avec d'abondantes illustrations.

Grand film, belle restauration, grand réalisateur. Masterpiece !
Police fédérale Los Angeles : coffret DVD/Blu Ray
 (Carlotta Films)
Police Fedérale Los Angeles
Coffret combo (DVD/Blu Ray + livre)
Editeur : Carlotta Flms
49 euros

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