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"Wadjda", premier film d'une Saoudienne, primé à Dubai

"Wadjda", premier long métrage de la saoudienne Haifaa al-Mansour, sur une petite fille rebelle qui rêve d’une bicyclette, a été doublement primé dimanche soir au festival du film de Dubai, après avoir été ovationné fin août à Venise où il était présenté hors compétition
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Wadjda, héroïne du premier film saoudien réalisé par une femme,Haifaa al-Mansour
 (Pretty Pictures)

Le film, qui a obtenu le Muhr (étalon) du meilleur long métrage arabe, est réalisé par la première cinéaste saoudienne, Haifaa Al Mansour, et entièrement  tourné en Arabie saoudite, pays où les cinémas sont interdits.
 
L'actrice principale, Waad Mohammed, qui joue le rôle de Wadjda, la petite fille de dix ans, a également eu le meilleur prix d'interprétation féminine. Dans le film, Wadjda veut absolument s’acheter un vélo pour battre son copain de jeu Abdullah à la course et met au point des stratagèmes pour obtenir l’argent nécessaire.

 
Haifaa al-Mansour a pris des risques pour tourner
"Le fait d'être primée par un festival d'un pays du Golfe représente  beaucoup pour moi", a déclaré, les larmes aux yeux, Haifaa al-Mansour.
 
La réalisatrice de 38 ans, diplômée de l'université américaine du Caire et  de l'université de Sydney, a dû prendre des risques pour tourner à Riyad, étant parfois obligée de communiquer avec son équipe par talkie-walkie parce qu’elle ne pouvait pas être au même endroit qu’eux en extérieur.
 
Avec ses baskets, son voile mal ajusté et son abaya dévoilant son jean, Wadjda  tente d'échapper au carcan des traditions et au strict règlement de son école de filles, régie comme une prison.
La réalisatrice saoudienne Haifaa al-Mansour
 (Pretty Pictures)
 
"Wadjda" avait été acclamé à Venise
Le film évoque également la condition des Saoudiens des classes peu favorisées, à travers la mère de Wadjda, qui doit faire face aux tracasseries d'un chauffeur étranger pour pouvoir aller travailler, les femmes n’ayant pas droit de conduire en Arabie Saoudite.
 
Incapable d'avoir d'autres enfants, elle doit accepter en silence la décision de son mari, sous la pression de sa famille, de prendre une deuxième épouse pour avoir un fils.
 
"Wadjda", présenté hors compétition au festival de Venise fin août, avait reçu une ovation debout du public.
 
L'Arabie est conservatrice mais le pays s'ouvre, selon la réalisatrice
"Les films n'existent pas en Arabie Saoudite. Montrer des films est illégal donc nous n'avons pas la culture du tournage de films. Je n'ai jamais pu aller sur un tournage, c'était très difficile", avait expliqué Haifaa al-Mansour à Venise.

"L'Arabie Saoudite change beaucoup, elle est en train de s'ouvrir. Le fait que nous ayons tourné un film avec autorisation en dit beaucoup sur le pays",  s'est-elle réjouie. "Nous avions des femmes aux Jeux olympiques, la situation  change", avait-t-elle ajouté.
 
Même si "la société est encore très conservatrice, tribale, très religieuse" et que "cela prend du temps de couper avec la tradition". "Je crois que les femmes doivent se serrer les coudes dans une société comme celle-là, et combattre ensemble (...) Beaucoup de femmes veulent le changement", avait-elle estimé.

"Wadjda" sera sur les écrans en France le 6 février.

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