Cet article date de plus de sept ans.

Survie, tête de loutre et photobomb : la vie "so british" de Benedict Cumberbatch, le super super-héros de "Doctor Strange"

L'acteur britannique, révélé par son rôle de Sherlock Holmes à la télévision, joue au super-héros dans la superproduction de Marvel, "Doctor Strange"et continue son opération séduction.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
L'acteur britannique Benedict Cumberbatch, à la 87e cérémonie des Oscars, à Hollywood (Californie), le 22 février 2015. (ROBERT GALBRAITH / REUTERS)

Lorsqu'il tournait Doctor Strange en avril à New York, Benedict Cumberbatch s'est promené dans son costume de super-héros, et a poussé la porte d'un magasin de comics. "Je leur ai dit que si le film ne marchait pas, je pourrais travailler ici et remplir les étagères", a-t-il raconté, tout sourire, lors d'une récente conférence de presse à Beverly Hills. De fait, quel que soit le destin de la superproduction Marvel-Disney au box-office (en salles mercredi 26 octobre), l'acteur britannique super-star n'est pas près d'être au chômage. Franceinfo vous retrace sa vie ensorcelante.

Quatre expériences de mort imminente

En quarante ans, Benedict Cumberbatch a frôlé la mort à quatre reprises, raconte GQ. La première fois, il est encore bébé. Sa demi-sœur, Tracy, joue la babysitter dans leur maison des beaux quartiers londoniens de Kensington. Le petit "Ben" pleure et, comme le font parfois ses parents, elle l'emmène sur le toit pour le calmer. Elle l'y oublie. On est en plein hiver, et il neige. Quand Tracy s'inquiète enfin du sort de son demi-frère, elle le retrouve frigorifé, mais souriant.

La deuxième fois, c'est en 1994. Benedict finit sa scolarité à Harrow, un vénérable et prestigieux pensionnat anglais. Il révise dans sa chambre, chez ses parents. Soudain, une énorme explosion ébranle le bâtiment. Une voiture piégée vient d'exploser devant l'ambassade israélienne toute proche. Lui est indemne, mais sonné.

La troisième fois, le jeune homme est au Tibet. Il y est parti pour une année sabbatique, afin d'enseigner l'anglais dans un monastère tibétain, et avant d'entrer à l'université – il en reviendra adepte du bouddhisme et de la méditation. Avec des amis, il se perd pendant une randonnée en montagne avec pour seule nourriture quelques biscuits et du fromage. Affamé, il trouve enfin une maison de sherpa et quémande à manger. Ce sera le meilleur repas de sa vie, malgré la dysenterie.

Quelques années plus tard, en 2004, l'acteur tourne une mini-série en Afrique du Sud. La journée a été bonne. Il fait nuit et avec ses partenaires à l'écran, il roule sur le chemin du retour. Un pneu crevé les oblige à s'arrêter. Six hommes armés sortent des buissons et les enlèvent. Ils finiront par les relâcher, apeurés et suppliants, au milieu de nulle part.

Ces événements sismiques vous donnent la perspective de la mortalité, de son caractère sacré... Ils vous font réaliser qu'il ne faut pas tout prendre au sérieux. Et juste profiter du bonheur d'être en vie.

Benedict Cumberbatch

dans "GQ"

"L'acteur au nom rigolo" devenu star

Bien né, le jeune Benedict, dont les ancêtres le relient à Richard III et Elisabeth II, s'est un jour rêvé avocat. Il a même fait des études de droit, rapidement avortées. Ce fils de comédiens a le théâtre dans le sang. Il étudie donc la comédie à Manchester. L'un de ses professeurs se souvient dans le Guardian d'une scène, surprise après une représentation : "Dans le foyer, ses parents étaient tombés dans les bras l'un de l'autre et disaient : 'C'est un acteur !'"

Dans les années 2000, le jeune homme fait ses débuts au théâtre. Il brûle les planches et enchaîne les rôles à la télévision. Celui du physicien handicapé Stephen Hawking est salué par une première nomination aux Bafta, les Oscars britanniques. Au cinéma, Cumberbatch multiplie les apparitions, la plupart dans des films d'époque. Mais un rôle va changer sa vie : celui du plus célèbre détective du monde, Sherlock Holmes. En 2010, la série Sherlock réussit une gageure : dépoussiérer le héros d'Arthur Conan Doyle, et transposer l'intrigue au XXIe siècle, sans renier l'héritage romanesque. Elle séduit le public et la critique dans le monde entier depuis bientôt quatre saisons.

"Benedict Cumberbatch est passé du jour au lendemain de 'l’acteur au nom rigolo dont personne ne se souvient' à star", commente Steven Moffat, l'un des créateurs du show, à 20 Minutes. De l'aveu même de Steven Spielberg, il est "le meilleur Sherlock Holmes à l'écran" en parvenant à faire oublier les quelque 70 acteurs qui l'ont précédé. Il n'a pas renoncé à sa carrière au théâtre pour autant. Il a ainsi été tour à tour, le docteur Franckenstein et sa créature monstrueuse dans la mise en scène de Danny Boyle, avec à la clé le graal du théâtre britannique : l'Olivier Award en 2012.

La tête de loutre et ses "Cumberbitches"

Bien sûr, Benedict Cumberbatch a ses "Cumberbitches" (il plaide pour le terme moins péjoratif de "Cumberpeople"). Cette communauté de fans éperdu(e)s ne lui a pas tenu rigueur de ses fiançailles, annoncées de manière très officielle dans un encart du Times, avec la directrice de théâtre et actrice, Sophie Hunter, qui attend leur deuxième enfant.

Une tête alongée, des yeux bleus perçants, des pommettes hautes, saillantes : le comédien est parfois comparé à Sid, le paresseux héros de la saga d'animation L'Age de glace. Mais ses traits atypiques séduisent autant que son humour "so British". Il a été désigné "acteur le plus sexy du monde" par le magazine Empire en 2013 ou "acteur le plus appétissant de la télévision britannique" par UKTV – ce qui lui a valu une statue en chocolat grandeur nature à son effigie

C'est une bénédiction d'avoir un visage étrange - quelque part entre une loutre et quelque chose que les gens trouvent vaguement attirant !

Benedict Cumberbatch

dans "Hollywood Reporter"

Au cinéma, Benedict Cumberbatch accède enfin à de vrais seconds rôles. Il varie les genres et parvient à se distinguer. Espion dans La Taupe, adapté du maître John le Carré, il est nominé au Bifa (les Oscars du cinéma indépendant britannique) du meilleur acteur dans un second rôle. Charismatique et démoniaque Khan Noonien Singh dans le Star Trek Into Darkness de J.J. Abrams, il décroche une nomination aux MTV Movie Awards du meilleur méchant. Autre rôle marquant : dans la trilogie du Hobbit de Peter Jackson, il incarne le dragon Smaug en motion capture et lui prête sa voix de baryton, qu'il sait aussi moduler pour jouer les imitateurs.

Brexit, migrants, homosexualité... Un acteur engagé

Benedict Cumberbatch décroche enfin les premiers rôles. Tout en mèches blondes filasses, il est le controversé créateur de Wikileaks, Julian Assange, dans le biopic Le Cinquième Pouvoir en 2013. En 2015, il est nommé aux Oscars pour son interprétation du mathématicien cryptologue Alan Turing dans Imitation Game. Et désormais, il crève l'écran dans un blockbuster dont il est le héros : Doctor Strange, sorti en France le 26 octobre. Il a aujourd'hui son double de cire chez Madame Tussauds à Londres. "Mes agents vont être ravis, ça fait un certain temps qu’ils voulaient un clone de moi", s'est amusé l'acteur ajoutant, lui, le fan de "photobomb""Enfin, je vais pouvoir me photobomber !"

L'acteur met sa célébrité au service de nombreuses causes. Sur le tournage de Sherlock, il sort des pancartes devant les photographes pour critiquer le gouvernement britannique et la surveillance de masse. Il signe une lettre ouverte demandant la grâce des 49 000 Britanniques autrefois condamnés pour leur homosexualité. Il fait campagne contre le Brexit et pour l'accueil des migrants - il lance un soir un tonitruant "Fuck the politicians" à la fin d'une pièce. Et lorsqu'en 2014, pendant la promotion du film Twelve Years a Slave, ses ancêtres esclavagistes, propriétaires d'une plantation de canne à sucre aux Antilles au XVIIIe siècle, refont surface, il s'en explique à nouveau, comme en 2006, lorsqu'il jouait un abolitionniste. 

Pour services rendus aux arts britanniques, mais aussi pour ses multiples activités caritatives, la reine Elisabeth II l'a fait commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique. A ses heures perdues, Benedict Cumberbatch aime peindre et dessiner - notamment des autoportraits. Cela l'aide, dit-il à la BBC, à faire face à "l'absurdité" de la célébrité et à "normaliser les choses".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.