"Yves Saint Laurent" : un biopic de belle tenue
De Jalil Lespert (France), avec : Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Charlotte Le Bon, Laura Smet, Marie de Villepin, Nikolai Kinski - 1h40 - Sortie : 8 janvier 2014
Synopsis : Paris, 1957. A tout juste 21 ans, Yves Saint Laurent est appelé à prendre en main les destinées de la prestigieuse maison de haute couture fondée par Christian Dior, récemment décédé. Lors de son premier défilé triomphal, il fait la connaissance de Pierre Bergé, rencontre qui va bouleverser sa vie. Amants et partenaires en affaires, les deux hommes s’associent trois ans plus tard pour créer la société Yves Saint Laurent. Malgré ses obsessions et ses démons intérieurs, Yves Saint Laurent s’apprête à révolutionner le monde de la mode avec son approche moderne et iconoclaste.
« Yves Saint Laurent » de Jalil Lespert bénéficie de plusieurs atouts. D’abord de l’adoubement de Pierre Bergé, le compagnon de Saint Laurent et gestionnaire de sa maison de couture. Ensuite de la participation de deux remarquables sociétaires de la Comédie-Française dans les rôles principaux : Pierre Niney en Saint Laurent et Guillaume Gallienne en Pierre Bergé. Jalil Lespert avait fait son petit effet avec « Des Vents contraires » (2011), film intimiste avec Benoît Magimel et Isabelle Carré. Avec « Yves Saint Laurent », il passe dans une autre cour. Grâce à un sujet ambitieux sur un créateur emblématique du savoir-faire français de dimension internationale, et à deux comédiens d’exception. Pierre Niney fait une prestation incroyable, d’un mimétisme étonnant, tant dans la silhouette que la diction si particulière du styliste. Guillaume Gallienne, moins spectaculaire dans sa prestation physique, n’en est pas moins remarquable.
Décade prodigieuse
La construction du film est, elle, plus attendue. S’agissant d’un biopic, « Yves Saint Laurent » suit la chronologie de sa carrière de Oran, à l’aube des « événements » en Algérie, jusqu’à sa fin précipitée à Paris en 2008. Lespert a choisi de retracer cette carrière fulgurante en en explorant toutes les facettes, de son exigence créatrice, avec ses pics de colère, à ses crises de désespoir et de doute. Mais la majeure partie du film est consacrée à la relation Saint Laurent-Pierre Bergé. Une histoire d’amour tumultueuse, également teintée d’affairisme, d’où ressort la très belle scène du baiser sur les bords de Seine.
Jalil Lespert parvient à faire passer l’émotion de cette ascension exceptionnelle qui va néanmoins partir à la dérive avec l’addiction aux drogues et à l’alcool. Une décade prodigieuse qui entraînera Saint Laurent au fond du gouffre. La peinture de cette faune huppée comprend notamment Karl Lagerfeld, mais aussi les égéries du créateur, comme Victoire Doutreleau, très bien tenue par Charlotte Le Bon, bientôt remplacée par Betty Catroux qu’interprète Marie de Villepin. Jalil Lespert est visiblement inspiré par son sujet, soignant sa reconstitution et servi par des acteurs qui rendent un vibrant hommage à une personnalité complexe, révolutionnaire de l’univers de la haute-couture et de la mode.
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