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"Yomeddine", joli premier film égyptien un peu convenu

Il est rare qu’un premier long-métrage se retrouve en compétition officielle à Cannes. C’était le cas cette année de "Yomeddine" de l’Égyptien Abu Bakr Shawky. Le jeune cinéaste réalise un drame teinté de comédie sur le voyage d’un lépreux et d’un jeune garçon sur les routes d'Egypte, sous la forme d’un récit initiatique.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Rady Gamal et Ahmed Abdelhafiz dans "Yomeddine" d'Abu Bakr Shawky
 (Le Pacte)

Inspiré d’un documentaire

Beshay, lépreux guéri de sa maladie, n’a pour autant jamais quitté sa léproserie dans le désert égyptien, où l’avait abandonné tout jeune son père. Après la disparition de son épouse, il décide de partir à la recherche de ses racines, avec ses pauvres possessions entassées sur une charrette tirée par son âne. Il est rejoint par un orphelin nubien qu’il a pris sous son aile. Tous deux vont traverser l’Egypte, se confronter à ses maux et vivre des instants de grâce dans la quête d’une famille, d’un foyer, d’un peu d’humanité…
Avec "Yomeddine", Abu Bakr Shawky aborde par la fiction la place des lépreux dans la société égyptienne. Un sujet sur lequel le cinéaste égyptien avait déjà travaillé à l'occasion du documentaire "The Colony", tourné au sein de la léproserie d'Abu Zaabal. En romançant son sujet, "Yomeddine" raconte les destins croisés des malades qu'Abu Bakr Shawky a rencontrés lors de son séjour dans cette colonie de marginaux.

Inégal

Histoire touchante, conte initiatique, sur un sujet qui se prêtait à un déferlement d’émotions, "Yomeddine" évite l’écueil du lyrisme et du pathos. Mais c’est curieusement l’effet inverse qui se produit dans une trop grande distanciation par rapport aux personnages. Est-ce le jeu approximatif des acteurs non professionnels ? Leur direction par le réalisateur ? Une mise en scène un peu paresseuse ? On reste à l’extérieur de l'histoire de cet homme marqué par la vie, qui recueille un orphelin, alors qu'il a été lui-même abandonné par son père, et vers lequel il part à la recherche. Ce rapprochement entre deux quêtes de paternité est un peu lourd, mais il ouvre sur une conclusion morale où l’adulte et l’enfant découvrent leur indépendance.
Rady Gamal et Ahmed Abdelhafiz dans "Yomeddine" d'Abu Bakr Shawky
 (Le Pacte)
Comme dans toute initiation c’est le parcours qui compte plus que le but. Aussi est-ce là le meilleur du film, même si plus d’une situation est convenue, attendue (les déboires avec la police, le vol, les retrouvailles…). Toutefois, la rencontre avec le faux fondamentaliste en prison, et surtout celle avec un groupe d’abimés de la vie, aux handicaps divers, sont des plus savoureuses. Inégal, "Yomeddine" manque de corps, mais reste un joli film au message positif.
"Yomeddine" : l'affiche
 (Le Pacte)

LA FICHE

Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Abu Bakr Shawky
Pays : Egypte / Etats-Unis / Autriche
Acteurs : Rady Gamal, Ahmed Abdelhafiz, Shahira Fahmy 
Durée : 1h37
Sortie : 21 novembre 2018

Synopsis : Beshay, lépreux aujourd’hui guéri, n’avait jamais quitté depuis l’enfance sa léproserie, dans le désert égyptien. Après la disparition de son épouse, il décide pour la première fois de partir à la recherche de ses racines, ses pauvres possessions entassées sur une charrette tirée par son âne. Vite rejoint par un orphelin nubien qu’il a pris sous son aile, il va traverser l’Egypte et affronter ainsi le Monde avec ses maux et ses instants de grâce dans la quête d’une famille, d’un foyer, d’un peu d’humanité…








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