"World War Z" : mais où sont passés les zombies d'antan ?
De Marc Forster (Etats-Unis), avec : Brad Pitt, Mireille Enos, Elyes Gabel, James Badge Dale - 1h56 - Sortie : 03 juillet 2013
Synopsis : Pris dans un embouteillage monstre avec sa famille, Gery Lane, ancien enquêteur des Nations Unies, comprend que la situation est inhabituelle, tandis que les hélicoptères de la police sillonnent le ciel et que les motards quadrillent les rues. La ville est en train de basculer dans le chaos. Les habitants s’en prennent violemment les uns aux autres, alors qu'un virus mortel semble se propager. Les origines du fléau demeurent inconnues et le nombre de personnes infectées s’accroît de manière exponentielle. Lorsque des hordes d’humains contaminés écrasent les armées de la planète et renversent les gouvernements les uns après les autres, Lane reprend du service : il s’engage dans une quête effrénée à travers le monde pour identifier l’origine de cette menace et trouver un moyen d’enrayer sa propagation…
Les zombies sont dans l’air du temps, en bandes-dessinées, séries télévisées, films, jusqu’à s’exporter dans des marches de morts-vivants carnavalesques, ou les Unes des journaux… Moins présents dans la littérature, Max Brooks est, lui, parvenu à écrire un best-seller sur le sujet, ce qui est beaucoup moins évident que pour les vampires et autres spectres, plus romantiques. Le succès étant, le roman ne pouvait que se retrouver transposé à l’écran. Sans pour autant être très convaincant.
Construit comme une suite de témoignages épars de personnages pris au cœur de cette apocalypse contaminatrice, le roman ne se prêtait guère à une adaptation cohérente. Hollywood aime les héros, et fédérer les différents protagonistes en un seul, interprété par Brad Pitt, n’est pas en soit une faute de goût. Même si elle est réductrice. Au passage, Steven Soderbergh avait choisi, et réussi, la forme chorale pour cet autre film sur une pandémie mondiale qu’est « Contagion ». Car, en effet, « World War Z » est plus un film sur une maladie apocalyptique, qu’un film de zombies. Zombies aseptisés
Si selon les codes qui leurs sont attribués, les zombies contaminent les humains par morsure, ils sont aussi issus d’outre-tombe. Ce qui n’est pas le cas dans « World War Z », les personnes contaminées étant qualifiées comme tel pour leur analogie comportementale (marche désordonnée), tout en développant des symptômes assimilables à une rage ultra contagieuse et violente, doublé d’une dégénérescence cutanée. C’était déjà le cas dans le très efficace « Rage » (1976) de David Cronenberg qui bénéficiait de moyens bien plus limités. Le canadien n’hésitait pas, lui, de multiplier les effets horrifiques, comme il se doit dans un film du cru. Ce qui est loin d’être le cas chez Marc Forster qui ne fait ni couler une goutte de sang, ni arracher les chairs. On est loin des conventions imposées par George A. Romero dans « La Nuit des morts-vivants » et autres « Zombies ». « World War Z » est enfin quelque peu mensonger au regard des affiches qui déclinent des visions aériennes apocalyptiques de capitales mondiales en feu, où des hordes de zombies déambulent dans les artères. S’il y a quelques prises de vues semblables, elles sont bien limitées par rapport à la promesse spectaculaire escomptée. Seule la très réussie scène de Jérusalem, où une pyramides de créatures monte à l’assaut d’un mur d'enceinte s’en rapproche. Mais point de Paris, de Rio ou de Moscou en péril dans le film, dont toute la seconde partie, un rien mollassonne, se déroule dans des couloirs d’hôpital. Quand à la 3D, elles est quasiment inexistante, le film ayant été tourné en 2D et gonflé en relief. « World War Z » est donc bien aseptisé par rapport à ce que l’on pouvait attendre. Le film ratisse au plus large et reste dans les clous d’un cinéma « mainstream » pour l’été.
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