"Wonder Woman" : sous le charme d'une super-héroïne féministe
Look à charge
Les adaptations de super-héros au grand écran sont devenues légion. Chaque titre, du moins les plus grands, a désormais sa franchise sous la forme de blockbusters aux succès foudroyants et universels : Superman, Batman, Spiderman, X-Men, Iron Man, Hulk, Les 4 Fantastiques, Ant Man, Dr. Strange, Gardiens de la galaxie… et désormais Wonder Woman, dernière arrivée en date. Sans oublier leurs lots de "reboots" (refonte d’une série) et autres "crossovers" (réunion de plusieurs super-héros). Tout le monde suit ?Etonnant de constater que ces passages en batterie au cinéma se sont la plupart du temps bien passés, grâce à des intrigues judicieuses et matures par rapport à une naïveté première, à un second degré assumé et à des conceptions visuelles exigeantes. Des qualités retrouvées dans "Wonder Woman" pourtant sérieusement "ringardisée" dans la série des 70-80 avec Lynda Carter, ce qui ne l’avait pas empêché de remporter un énorme succès public. En effet, pas facile d’actualiser un "look" chargé : short, bottes et bustier aux couleurs américaines, diadème sur le front et lasso à la ceinture… Un peu comme Captain America, Wonder Woman est parvenu à passer le cap.
Steampunk
Avec sa première partie longuement ancrée dans un contexte antique pour donner les origines de l’héroïne – Diana, fille de la reine des Amazones - le film, signé par la réalisatrice Patty Jenkins ("Monster"), enracine son personnage dans une mythologie solide pour mieux la lancer dans une autre. Après ce long prologue réussi, sur les plans visuels et du script, le scénario est relancé par le contexte de la Première Guerre mondiale dans lequel Diana est projetée, alors qu’à l’origine, ses aventures l’ancraient dans la guerre de 1940-45, époque de publication des premiers comics sous son label. Cette période correspond d’autant mieux au combat que livrent, dans le film, les Amazones contre le dieu de la guerre Arès. En effet, le premier conflit mondial marque la ligne de démarcation entre les guerres du passé et l’ère industrielle, avec le franchissement d’un cap dans les horreurs guerrières.Une fois arrivé en 1918, le film se pare d’un visuel déduit de la veine "Steampunk" de la science-fiction, rattachée à la première révolution industrielle du XIXe siècle. Ce qui aurait pu donner lieu à un passage de l’antique au XXe siècle (1918) artificiel, s’effectue en toute harmonie, grâce à une cinéaste de tous les talents et son scénariste Allan Heinberg, un régulier des séries TV américaines ("Sex & the City", "Grey's Anatomy", "Scandal"…). Le réalisateur et producteur Zack Snyder ("300", "Man of Steel"…) n’est également pas loin. Au final, "Wonder Woman" réussit sur tous les tableaux, avec en prime le respect de son discours féministe d’origine. Son actrice, Gal Gadot, est bien charpentée pour le rôle, avec à ses côtés des comédiens emportés par l’aventure (Chris Pine, Connie Nielsen, Robin Wright, avec une mention spéciale à Ewen Bremner, Spud dans "Trainspotting"). Visuellement abouti et convaincant, "Wonder Woman" aurait gagné à être raccourci d’un quart d’heure sur ses 2h20, mais la merveille fonctionne.
LA FICHE
Action Fantastique de Patty Jenkins (Etats-Unis) - Avec : Gal Gadot, Chris Pine, Connie Nielsen, Robin Wright, Danny Huston, David Thewlis, Elena Anaya, Ewen bremner, Saïd Taghmaoui - Durée : 2h21 - Sortie : 7 juin 2017
Synopsis : C'était avant qu'elle ne devienne Wonder Woman, à l'époque où elle était encore Diana, princesse des Amazones et combattante invincible. Un jour, un pilote américain s'écrase sur l'île paradisiaque où elle vit, à l'abri des fracas du monde. Lorsqu'il lui raconte qu'une guerre terrible fait rage à l'autre bout de la planète depuis quatre ans, Diana quitte son havre de paix, convaincue qu'elle doit enrayer la menace. En s'alliant aux hommes dans un combat destiné à mettre fin à la Première Guerre mondiale, Diana découvrira toute l'étendue de ses pouvoirs… et son véritable destin.
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