"Where to Invade next" de Michael Moore teste les USA à l'aune du monde
La monnaie de sa pièce
A l’image de l’Angleterre qui fustige la France à la moindre occasion, les Etats-Unis se complaisent facilement à l’exercice. Preuve encore récente, la polémique lancée par le New York Times à propos de l’affaire du burkini avec une enquête caduque (sur la méthode) à laquelle a répondu le premier ministre Emmanuel Valls avec maladresse. C’est de bonne guerre. Mais s’il y en a un aux States qui s’évertue à prendre pour cible la première puissance mondiale, c’est bien l’Américain Michael Moore. On ne peut lui reprocher de ne pas aimer son pays puisqu’il justifie sa démarche par l’amour qu’il lui porte.Sa dernière invention ? Se rendre dans une dizaine de pays d’Europe, ainsi qu’en Tunisie, pour en extraire des idées auxquelles les Etats-Unis feraient bien de s’inspirer pour s’améliorer. Oui, s’améliorer. Le ciel ne serait donc pas tout bleu "over the rainbow", au pays phare de la liberté, du premier amendement et de la libre entreprise ? Armé de son air bonhomme, casquette de baseball vissée sur la tête et bannière étoilée sous le bras, Moore visite l’Italie, la France, l’Allemagne, la Norvège, la Finlande, jusqu’à la Slovénie dont il vante les qualités du système universitaire, en passant par la Tunisie où, c’est bien connu, les femmes sont reines.
Oz
La qualité des cantines scolaires française, les congés payés en Italie, le temps de travail en Allemagne, le système éducatif en Finlande et pénitentiaire en Norvège… autant de sujets traités sous un jour idyllique, donc raccourci, qui font passer tous ces Etats pour d’imaginaires Pays d’Oz. C’est d’ailleurs sur lui que se conclut le film, avec un extrait du "Magicien d’Oz" (1939) de Victor Fleming. Hasard ? La Grande-Bretagne, pays frère et père fondateur des futurs Etats-Unis ne figure pas dans ce portrait élégiaque du vieux continent. Première place financière européenne, n’y aurait-il donc rien à y prendre de bon ?
Si "Where to Invade Next" essaime des vérités, c’est la forme qui, comme toujours chez Michael Moore, freine l’adhésion complète. La forme documentaire de ses films, dont la déontologie réclame recul et exposition non partisane des faits, n'est pas de son ressort. C’est pourquoi ses longs métrages ne sont pas des documentaires, mais des pamphlets, d’autant que son approche humoristique est une constante. On ne peut reprocher à un créateur d’exposer ses idées. Il suffit de savoir comment il parle pour ne pas s’offusquer de son propos sur sa seule diction. A l’image d’une partie de la presse qui a rabroué le film pour son partisianisme, feignant de ne pas connaître ses opinions. Moore ne fait aucunement de l’anti-américanisme, mais rappelle à l’ordre l’Amérique. Pour preuve, sa conclusion met en avant que toutes ces bonnes idées glanées à droite et à gauche, s’inspirent de pratiques états-uniennes. Ce pourquoi le film se termine sur le claquement des chaussons rouges de Dorothy (Judy Gardland) pour les ramener au Kansas.
LA FICHE
Documentaire de Michael Moore (Etats-Unis) - Durée : 2h00 - Sortie: 14 septembre 2016
Synopsis : Michael Moore décide de s'amuser à envahir le monde pour déterminer ce que les États-Unis peuvent apprendre des autres pays.
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