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"Wadjda" : le premier film saoudien est signé par une femme

La sortie de « Wadjda » constitue deux premières. C’est en effet le premier film de cinéma réalisé sous la bannière saoudienne, et du même coup la première œuvre réalisée par une femme. L’événement se double d’une réussite filmique de premier ordre, à la parabole féministe inattendue dans le royaume wahhabite.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Waad Mohammed est "Wadjda" de Haifaa Al Mansour
 (Pretty Pictures)

De Haifaa Al Mansour (Arabie saoudite), avec : Waad Mohammed, Reem Abdullah, Abdullrahman Al Gohani - 1h37 - Sortie : 6 février

Synopsis
Wadjda, douze ans, habite dans une banlieue de Riyad. Bien qu’elle grandisse dans un milieu conservateur, c’est une fille pleine de vie qui porte jeans et baskets, écoute du rock et ne rêve que d’une chose : s’acheter le beau vélo vert qui lui permettra de faire la course avec son ami Abdallah. Mais au royaume wahhabite, les bicyclettes sont réservées aux hommes car elles constituent une menace pour la vertu des jeunes filles. Wadjda se voit donc refuser par sa mère la somme nécessaire à cet achat. Déterminée à trouver l’argent par ses propres moyens, Wadjda décide de participer au concours de récitation coranique organisé par son école, avec pour la gagnante, la somme tant désirée. 

Un tabou pulvérisé
Filmer des femmes en Arabie saoudite est en soit problématique et tabou. Pensez donc, une femme réalisant des films, filmant des femmes et dénonçant la condition féminine dans son pays ! Haifaa Al Mansour, suite au succès de ses trois premiers courts-métrages et de son documentaire « Women Without Shadows » (Des femmes sans ombres), la question s’est posée de l’ouverture de salles de cinéma dans le royaume saoudien.

Pionnière dans sa partie, son œuvre est à la fois admirée et source de polémiques, puisqu’elle traite de sujets interdits, tels que les limites de l’orthodoxie, la tolérance, et les restrictions résultant d’une culture traditionnelle. Une approche sociétale que l’on retrouve de bout en bout dans « Wadjda », son premier long métrage de fiction. Une telle démarche artistique se révèle d’un courage inespéré et salvateur. Tant, que l’on s’interroge sur la manière dont Haifaa Al Mansour est parvenue à ses fins.

Reportage : F.Maillard, GA Dolz, R.Attal, E.Goldstein

Malin 
Son scénario est de ce point de vue des plus exemplaire. En s’attachant à son personnage de petite fille rêvant d’un vélo prohibé par les mœurs, elle filme un conte qui tourne à la dérision l’interdit. Le stratagème qu’utilise Wadjda pour le détourner, en participant à un concours de récitation coranique afin de remporter la somme d’argent nécessaire, dénonce de plus l’hypocrisie et les restrictions qu’exerce le pouvoir par la religion.

 
Par sa détermination, Wadjda va donner une leçon de vie à sa famille et à tout ceux qui l’entourent. Haifaa Al Mansour filme sa petite actrice, Waad Mohammed, avec une tendresse infinie qui ne peut qu’inspirer l’adhésion. Belle et touchante, elle fait naître un sentiment de compassion, même si ses parents sont des plus attentifs à son égard. Ce ne sont pas eux les bourreaux, mais un système qui applique des principes orthodoxes comme autant de règles de vie sclérosantes, L’interdit sur la bicyclette pour les femmes, rejaillit sur tous les autres, pour les qualifier de dérisoire, d’un autre temps, de ridicule. Edifiant. 

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