"Viva la Libertà" de Roberto Andò : la fantaisie au pouvoir !
Comédie italienne de Roberto Andò – avec Toni Servillo, Valerio Mastandrea et Valeria Bruni Tedeschi - Durée : 1h34 – Sortie : 5 février 2014
Synopsis : Secrétaire général du principal parti de l’opposition italienne, Enrico Oliveri est inquiet : les sondages le donnent perdant. Un soir, il choisi de disparaître, laissant une note laconique. C’est la panique au sein du parti où tout le monde s’interroge pour essayer de comprendre les raisons de sa fuite. Pour « sauver les meubles », son conseiller et sa femme tentent de trouver une solution. Anna évoque le nom du frère jumeau du secrétaire général, Giovanni Ernani, un philosophe de génie, atteint de dépression bipolaire et qui vient juste de sortir de l’hôpital psychiatrique. Pourrait-il, provisoirement, le remplacer, sans que le public, les médias et les cadres du parti ne s’en aperçoivent ?
Nous sommes donc conviés au spectacle jouissif d’un dynamitage des codes politique. Les calculs, les connivences, les connexions, tout explose au passage de ce jumeau intérimaire qui, à la différence de son frère, ne s’embarrasse pas de langue de bois. Désintéressé, désinhibé, il dit tout ce qui lui passe par la tête… et ça marche ! Quelques scènes cultes traversent cette comédie qui en dit long sans se prendre au sérieux : quand la « doublure » du leader chantonne en guise de réponse au Conseil de politique de son parti dont les éléphants attendent sa position sur les accords électoraux ; quand il va retrouver ses vrais amis pour danser le tango, sous le regard de quelques infirmières ; ou quand il se livre à un jeu de cache-cache avec le président italien dans la grande salle des mappemondes… Pendant ce temps, « l’autre » se refait une santé à Paris au côté d’une ancienne maîtresse, mariée à un grand réalisateur de cinéma. Un retour aux sources doux et protecteur, qui permet au politicien professionnel de re-toucher terre. Roberto Andò s’appuie sur d’excellents acteurs, en particulier le sublime Toni Serrillo (« La Grande Bellezza », « Gomorra », « Il Divo », « Un balcon sur la mer »…) impeccable dans son double-je. Le film avance et la question nous taraude, comment l’achever sans rompre le charme ? Faire revenir le politicien professionnel ou laisser les clés au jumeau déjanté… Roberto s’en sort avec une jolie pirouette. Malin, une fois de plus.
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