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"Violette" : belle rencontre entre Emmanuelle Devos et Sandrine Kiberlain

De Martin Provost, l'on se souvient de "Séraphine", César 2009 du Meilleur film et du Meilleur scénario, sur Séraphine de Senlis, peintre autodidacte qui sombra dans la folie. C'est encore une histoire de femmes artistes que filme le cinéaste, puisqu'il s'agit de la rencontre enflammée entre deux écrivaines, Violette Leduc et Simone de Beauvoir : la résurrection d'une auteure oubliée.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Emmanuelle Devos est Violette Leduc et Sandrine Kiberlain Simone de Beauvoir dans "Violette" de Martin Provost
 (TS Productions / Photographe : Michael Crotto )

De Martin Provost (France/Belgique), avec : Emmanuelle Devos, Sandrine Kiberlain, Olivier Gourmet, Catherine Hiegel, Jacques Bonnaffé, Olivier Py - 2h19 - Sortie : 6 novembre 2013

Synopsis : Violette Leduc, née bâtarde au début du siècle dernier, rencontre Simone de Beauvoir dans les années d’après-guerre à St-Germain-des-Prés. Commence une relation intense entre les deux femmes qui va durer toute leur vie, relation basée sur la quête de la liberté par l’écriture pour Violette et la conviction pour Simone d’avoir entre les mains le destin d’un écrivain hors norme.

Une histoire de femmes
Martin Provost parle de diptyque avec « Séraphine » en évoquant « Violette », les deux films portant pour titre, au passage, celui d’un prénom de femme. De Femmes artistes. Choquant d’ailleurs que l’on fasse précéder le substantif « artiste » de « femme », le faisant apparaître comme qualificatif plutôt que terme à part entière. Est-il inapplicable sans distinction de genre entre à la gent masculine et féminine ? Dit-on un homme artiste ? Il faut dire que le sujet porte débat depuis des siècles, même s’il s’est quelque peu émancipé depuis la fin du XIXe siècle. Une problématique qui touche de plein fouet l’écrivaine Violette Leduc et sa mentor Simone de Beauvoir, dont le film de Martin Provost relate la rencontre et la profonde entente littéraire.
Comme Séraphine, Violette Leduc est une autodidacte qui a reçu la reconnaissance, en la personne du collectionneur Wilhelm Uhde pour la première et de Simone de Beauvoir pour la seconde. Un rapprochement qui n’a rien d’anodin dans la continuité thématique du cinéaste. Toutes deux sont également passées par des épisodes en hôpital psychiatrique, ce qui en dit long sur leur parcours dans des sociétés françaises, à cinquante ans de distance, peu enclines à laisser la place aux femmes sur des terrains qui ne leur sont pas à priori destinés.
Emmanuelle Devos et Sandrine Kiberlain dans "Violette" de Martin Provost
 (TS Productions / Photographe : Michael Crotto )
Lumière noire
La majeure partie de « Violette » est éclairée d’une lumière éteinte, comme l’a été la vie de Violette Leduc. Seules les scènes de sa découverte du village de Faucon en Provence, où elle finira sa vie, et sa tardive reconnaissance littéraire, baignent dans une lumière solaire, c'est-à-dire peu de choses. Le reste n’est que neige, pluie et brouillard. Ecrivaine quelque peu oubliée, donc mal connue, Violette Leduc a pourtant construit tout son œuvre romanesque sur sa vie personnelle. En confiant son mal de vivre comme enfant non reconnue par son père biologique, comme femme attirée par les hommes et les femmes, comme femme avortée à une époque où le « délit » était passible de peine de mort, comme femme censurée dans la publication de ses écrits, comme femme refusant d’être venue au monde tout court, par manque d’amour…

Interview de N. Berthier et F. Maillard
Violette Leduc apparaît comme une plaie béante, dont l’offrande au monde dans sa création littéraire est comme une rédemption, finalement atteinte, sans doute trop tard, à 56 ans. Il ne lui restait plus que neuf ans à vivre. Un étrange destin, très révélateur sur l’évolution des mœurs françaises auxquelles elle contribua et qui suggère d’aller (re)visiter une œuvre révolutionnaire.

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