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"Tuer un homme", la mort en pente douce

Ce troublant film chilien décrit comment un "Monsieur tout le monde" va devenir un meurtrier pour protéger sa famille. Alejandro Fernández Almendra réussit à installer une ambiance très particulière, grâce notamment à la multiplication des scènes nocturnes. A découvrir.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Daniel Candia dans "Tuer un homme"
 ( Arizona Films)
La note Culturebox
4 / 5                  ★★★★☆

Thriller chilien d' Alejandro Fernández Almendras – Avec Daniel Candia, Alejandra Yáñez, Daniel Antivilo et Ariel Mateluna – Durée : 1h24 - sortie 1er octobre 2014

Synopsis : Jorge est un homme honnête qui travaille dur pour faire vivre sa famille. Une nuit, il se fait insulter par une bande de jeunes gens, menée par un ancien délinquant du quartier. Son fils se fait à son tour agresser. La crainte et l'angoisse envahissent peu à peu la famille dont le quotidien devient infernal.
Jorge est un parfait monsieur Tout le Monde. Un peu gris, sans charisme, ni lâche ni exagérément téméraire. Il affronte un quotidien plutôt fade, en essayant de maintenir les liens d'une famille qui se désagrège sans éclats. Cette famille, c'est pour lui la seule chose qui compte.

Et c'est là que les bad boys de son quartier, Tomé, vont frapper. "Incivilités" et insultes, petites agressions qui, peu à peu, vont tourner au harcèlement. Face à ce danger et à l'incurie de la police locale, autoneutralisée par sa lenteur et ses lourdeurs administratives, le père de famille bascule.

Basé sur une histoire vraie, "Tuer un homme" est un film modeste mais fascinant. Majoritairement tourné de nuit, il installe une ambiance très particulière, néons et éclairages publics, oranges et jaunes. Un choix esthétique que le réalisateur justifie par la volonté de rapprocher ces lieux de l'enfer. Et, de ce point de vue, c'est une réussite. Le harcèlement mené par le vieux dealer et ses petits caïds est totalement oppressant, sans issue.
 
Le film glisse en pente douce vers un drame, inexorable. Et, de façon troublante, sans aspérités. A la fois lisse et sauvage. Le destin de Jorge est en jeu, mais son passage à l'acte paraît tout naturel, fluide. Le père encaisse, assume et coule en silence. En tuant, il se condamne.

Tout s'arrête sèchement, alors qu'on cherche encore une ultime porte de sortie pour cet homme brisé. D'un bout à l'autre de "Tuer un homme", Alejandro Fernandez Almendras tient le spectateur en haleine, sans aucun effet de manche. Ses partis pris de réalisation et la crédibilité du jeu des comédiens sont les clés de la réussite de ce film sombre et attachant.

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