Cet article date de plus d'un an.

"Toute la beauté et le sang versé", un premier documentaire sur la photographe Nan Goldin, récompensé d’un Lion d’or à Venise

L’Américaine Nan Goldin a donné un coup de pied dans la fourmilière de la photographie à New York en prenant pour sujet le quotidien de sa famille et de ses proches dans les années Sida du milieu des années 80.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Nan Goldin dans "Toute la beauté et le sang versé" de Laura Poitras (2023). (PYRAMIDE DISTRIBUTION)

C’est en photographiant le quotidien de sa famille et de ses proches dans les années 80-90 à New York, que Nan Goldin a bousculé les crédos de la photographie glamour de l’époque. A l’artiste s’est greffée l'activiste qui dénonce la production de médicaments opiacés qui font des ravages aux Etats-Unis. Cette cause, au carrefour de l’art et de la santé publique, est au cœur de Toute la beauté et le sang versé qui sort en salles mercredi 15 mars.

Opium


Avant d’aborder la lutte de Nan Goldin contre les laboratoires Purdue Pharma, Laura Poitras (Citizenfour, Oscar du meilleur documentaire en 2015) revisite la vie et l'œuvre intimement liées de l’artiste. Elle puise dans ses diaporamas qui traversent le Brooklyn marginal, gay et festif des années 80-90. Les opiacés circulent et Nan Goldin s’en émancipe avec l'OxyContin, un opioïde dont elle devient à nouveau addicte.

Le mélange du médicament et d’héroïne a provoqué une vague inédite de surdoses aux Etats-Unis, connue sous le nom de crise des opioïdes. Quand Nan Goldin apprend que le laboratoire Purdue Pharma de la famille Sackler bloque un médicament préventif aux overdoses, l’artiste crée le collectif P.A.I.N. (Prescription Addiction Intervention Now), qui prône la réduction des risques sanitaires et la prévention des overdoses. Ses actions vont alors se multiplier à travers le monde.

"Artwashing"

La richissime famille Sackler est reconnue comme grand mécène des arts, à travers ses partenariats avec les plus grands musées du monde, le Louvre, le Moma, le Guggenheim… Pour Nan Goldin, les Sackler ont créé un "artwashing" pour se dédouaner de la mort de centaines de milliers de personnes. Son action principale est désormais de déconstruire l’image de prince mécène des arts de la famille Sackler, et de l’exclure des institutions artistiques mondiales.

Cette lutte sans merci porte ses fruits et le Lion d’Or de Venise revenu au film y participe, après les distances qu'ont pris les plus grands musées du monde avec les Sackler. Patchwork d’une vie d’artiste devenue lanceuse d’alerte et activiste, Toute la beauté et le sang versé démontre combien l'image de l’artiste cloîtré dans sa tour d’ivoire est révolue. L’acte photographique de Nan Goldin a révélé une marginalité LGBT aujourd’hui reconnue, puis l’"artwashing" qui se cachait derrière la crise des opiacés. Deux révélations, avec au cœur et comme dénominateur commun, l’intégrité de l’art.

L'affiche de  "Toute la beauté et le sang versé" de Laura Poitras (2023). (PYRAMIDE DISTRIBUTION)

La fiche

Genre :  Documentaire 
Réalisatrice : Laura Poitras
Pays :  Etats-Unis
Durée : 1h57
Sortie : 15 mars 2023
Distributeur : Pyramide Distribution

Synopsis :  Nan Goldin a révolutionné l’art de la photographie et réinventé la notion du genre et les définitions de la normalité. Immense artiste, Nan Goldin est aussi une activiste infatigable, qui, depuis des années, se bat contre la famille Sackler, responsable de la crise des opiacés aux États Unis et dans le monde. Toute la beauté et le sang versé nous mène au cœur de ses combats artistiques et politiques, mus par l’amitié, l’humanisme et l’émotion.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.