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"Tout ce qu'il me reste de la révolution", film annonciateur des "gilets jaunes"

Ecrit et réalisé avant la crise des "gilets jaunes" (novembre 2017), prix du Jury au festival du film francophone d’Angoulême en août 2018, dans les salles depuis le 6 février, "Tout ce qu'il me reste de la révolution" colle à l’époque actuelle. Comédie sociale sur une jeune femme aux parents soixante-huitards, outrée par la société, elle renvoie aux revendications des ronds-points et de la rue.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Tout ce qu'il me reste de la révolution" de Judith Davis
 (Agat Films & Cie)

Solidarité !

Le parallèle entre les "gilets jaunes" et mai 68 a été vite évoqué, pour être balayé aussitôt, vus leurs contextes différents, les revendications, le manque d’unité… C’est l’esprit frondeur contre l’Etat et l'émergence d'une nouvelle communication entre les citoyens qui les rapprochent. "Tout ce qu'il me reste de la révolution" est le prolongement d’une pièce de 2008, déjà de Judith Davis, qui réalise ici son premier long métrage. Par son sujet, il évoque un anniversaire à 50 ans de distance (mai 68), fêté par le prix du Jury au festival du film francophone d’Angoulême en août 2018. Prémonitoire ?
Angèle, jeune urbaniste, se fait virer de l’agence où elle travaille. Sur le carreau, elle constate le manque de communication et de solidarité autour d’elle, tout un chacun restant penché sur sa personne. De parents soixante-huitards séparés, sa mère a coupé les ponts avec le militantisme, son père reste fidèle à ses convictions et sa sœur est employée. Sur la brèche, Angèle tente de créer un réseau solidaire dans son quartier.

Civisme

Ce retour aux valeurs de solidarité est la dominante du mouvement si pluriel des "gilets jaunes". Il se condense toutefois dans ses revendications originelles : redistribution des richesses, justice fiscale, protection de la planète. Des valeurs solidaires, au cœur du film. C’est le constat du consumérisme à outrance, donc de l’égoïsme, qui déclenche la réaction d’Angèle de créer son réseau.
Tout ce qu'il me reste de la révolution
 (Agat Films & Cie )
Si le sujet est grave, l’humour le fait passer. Le rire n’est jamais aussi efficace que quand l’on se reconnaît dans une situation. Il faut dire que la situation n’est pas marrante… Le sujet et les dialogues, souvent savoureux, dominent la mise en scène qui reste tatillonne. Un parfum de cinéma militant des années 1970 plane. A l’écriture, Judith Davis fait ses premières armes derrière la caméra, tout en demeurant actrice. Son film capte le désir d’un retour au "civisme" (qui semble disparaître des dictionnaires), en en donnant l’exemple par l’humain pour toucher le politique. Un discours contemporain, naïf, utopique, mais concret.
"Tout ce qu'il me reste de la révolution" : Laffiche
 ( UFO Distribution )

LA FICHE

Drame de Judith Davis
Pays : France
Avec 
Durée : 2h00
Sortie : 6 février 2019

Synopsis : Angèle avait 8 ans quand s’ouvrait le premier McDonald’s de Berlin-Est… Depuis, elle se bat contre la malédiction de sa génération : être né "trop tard", à l’heure de la déprime politique mondiale. Elle vient d’une famille de militants, mais sa mère a abandonné du jour au lendemain son combat politique, pour déménager, seule, à la campagne et sa sœur a choisi le monde de l’entreprise.
Seul son père, ancien maoïste chez qui elle retourne vivre, est resté fidèle à ses idéaux. En colère, déterminée, Angèle s’applique autant à essayer de changer le monde qu’à fuir les rencontres amoureuses.
Que lui reste-t-il de la révolution, de ses transmissions, de ses rendez-vous ratés et de ses espoirs à construire? Tantôt Don Quichotte, tantôt Bridget Jones, Angèle tente de trouver un équilibre… 

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