"Tokyo Fiancée" : Amélie Nothomb plus vraie que nature
4 / 5 ★★★★☆
De Stefan Liberski (Belgique/France/Canada), aevc : Pauline Etienne, Taichi Inoue, Julie Le Breton - 1h40 - Sortie : 4 mars 2015
Synopsis : La tête pleine de rêves, Amélie, 20 ans, revient dans le Japon de son enfance. Elle propose des cours particuliers de français et rencontre Rinri, son premier et unique élève, un jeune Japonais qui devient bientôt son amant. A travers les surprises, bonheurs et déboires de ce choc culturel drôle et poétique, nous découvrons une Amélie toute en spontanéité et tendresse, qui allie la grâce d'un ikebana à l'espièglerie d'un personnage de manga.
Mimétisme confondant
Le Belge (comme Amélie Nothomb) Stephan Liberski, à la réalisation de "Tokyo Fiancée", a travaillé notamment pour Canal+ et sorti trois long-métrages qui n'ont pas laissé grand souvenir. Celui-ci pourrait bien changer la donne, son nouveau film s'avérant d'une très grande dextérité visuelle, sans être démonstratif d'un savoir-faire, doublé d'une narration sans faille, en phase avec son inspiratrice.
S'il prend quelques libertés avec l'écrivaine, en évoquant entre autre la catastrophe de Fukushima, qui ne figure par dans le roman, puisque survenue après l'écriture du livre, c'est parce qu'il considère que le Japon ne peut plus être évoqué désormais sans cette référence. Il en est très bien ainsi. Sans prétendre prendre parole à sa place, Amélie Nothomb est certainement en accord avec cette option. Au-delà de l'adaptation, "Tokyo Fiancée" fourmille de qualités, tant dans la mise en images, l'interprétation et la dramaturgie. Ainsi la jeune actrice Pauline Etienne est d'un mimétisme confondant avec son modèle, jouant de ses grands yeux ronds, d'expressions et d'une gestuelle reconnaissables entre toutes. On retiendra également les scènes oniriques en accord avec les canons japonais du théâtre Nô qui ponctuent le film, comme autant de sentiments ressentis par Amélie..
Alchimie mon amour
Stephan Liberski choisit d'introduire et de suivre son récit en voix off, ce qui est totalement raccord avec un récit autobiographique, l'histoire d'une jeune fille de 20 ans, née au Japon, mais rapatriée en Belgique à l'âge de 5 ans, et de retour dans l'archipel 15 ans plus tard. Comme elle, il est visiblement amoureux du pays, tant il le filme en empathie, dès les premiers plans et tout le long. Avec une lumière transparente dans la nature (très belle scène du mont Fuji), au néon dans la ville (les traversées de Tokyo en voiture), et des cadres très étudiés, sans ostentation, mais fidèles à la rigueur nippone.Il traduit cette alchimie de tradition et de futurisme, d'élégance et d'exubérance, de codes et de lâché-prise, propre à la société japonaise, et que l'on retrouve chez Nothomb, elle-même. "Tokyo fiancée" capte l'essence du Japon et toute sa pudeur comportementale, que cela soit lors d'un repas ou d'un bain, dans l'équilibre entre retenue intérieure et fusion avec la nature. Son mystère aussi. Cet amour croise celui que porte Amélie à Rinri, son fiancé. Si le film raconte une véritable histoire sentimentale entre deux êtres, elle englobe celle entre deux latitudes. Une très belle rencontre des antipodes.
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