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"The Vigil", film fantastique inattendu au cœur d'une communauté juive orthodoxe

Ce premier film à petit budget mais au sujet ambitieux respecte les règles de l'épouvante dans un contexte inédit.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"The Vigil" de  Keith Thomas (II). (Copyright Wild Bunch Distribution)

Selon le réalisateur de The Vigil, Keith Thomas, la religion juive ne connaît ni Satan, ni l’enfer, ni les démons. Il y a pourtant des exorcismes et exorcistes juifs. Ses recherches lui ont ainsi permis de découvrir un rituel et des diables hébraïques qui alimentent un sujet original, à défaut d’être novateur dans son traitement. Il ne manque cependant pas d’efficacité et satisfera les amateurs, à partir du mercredi 29 juillet dans les salles.

Démons intérieurs

Retiré de la communauté juive orthodoxe à Brooklyn, Yakov est sollicité par son ancien rabbin pour veiller un mort toute une nuit, comme le recommande le rituel mortuaire. Le jeune homme, en difficulté financière, accepte à regret contre un bon pécule. Il se retrouve face au défunt et sa veuve dont la stabilité mentale est vacillante. Bientôt, des phénomènes étranges, de plus en plus menaçants, se manifestent contre Yakov…Possédée (Wilson Yip, 2012) traitait déjà de la possession d’une enfant par un Dibbuk, un démon juif, sujet rarement abordé au cinéma. Mais le sujet de la veillée mortuaire propice à des phénomènes de hantise rappelle Vij, célèbre nouvelle de Nicolas Gogol. Mario Bava s’en était librement inspiré pour Le Masque du démon (1960), et les russes Konstantin Yershov et Georgi Kropachyov l’ont fidèlement adapté sous son titre original en 1967 (en DVD chez Artus Films). The Vigil aborde le sujet de la démonologie juive sous un jour psychologique : les démons intérieurs du défunt et de son veilleur déclenchent des événements surnaturels.

Psychologie en abîme

Keith Thomas tire bénéfice de son petit budget en réduisant son film à un huis clos dans un appartement new-yorkais, avec un nombre limité de personnages. L’unité de temps, une nuit de quelques heures, privilégie une action en temps réel. Relevant plus du cinéma d’épouvante que de l’horreur (à laquelle on identifie trop souvent tout film fantastique), The Vigil  exploite les ambiances nocturnes aux ombres menaçantes, et une bande son évocatrice de La Maison du diable (1963) de Robert Wise.

Dave Davis dans "The Vigil" de Keith Thomas (II). (Copyright Wild Bunch Distribution)
On reprochera à Keith Thomas d'utiliser des d’effets de montage choc pour faire sursauter le spectateur, comme il est d’usage dans l'épouvante. Mais il n’en abuse pas, se concentrant sur le drame et le traumatisme qu’a subi le défunt pendant la guerre, à l’origine de la manifestation du démon. Yakov n’est pas non plus exempt de troubles personnels qui le prédisposent à subir les attaques démoniaques. Avec son approche psychologique et une réalisation soignée, The Vigil ne bouleverse pas les lignes du fantastique, mais se révèle efficace.
L'affiche de "The Vigil" de Keith Thomas (II). (WILD BUNCH DISTRIBUTION)

La fiche

Genre : Fantastique
Réalisateur : Keith Thomas (II)
Acteurs :  Dave Davis, Menashe Lustig, Malky Goldman

Pays : Etats-Unis
Durée : 1h45
Sortie : 29 juillet 2020
Distributeur :  Wild Bunch

Interdit aux moins de 12 ans

Synopsis : DNew York, Brooklyn. Après avoir quitté la communauté juive orthodoxe, Yakov, à court d’argent comme de foi, accepte à contrecœur d’assurer la veillée funèbre d’un membre décédé de ce groupe religieux. Avec la dépouille du défunt pour seule compagnie, il se retrouve bientôt confronté à des phénomènes de plus en plus inquiétants…

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