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"The Son" : Florian Zeller explore la dépression adolescente avec Hugh Jackman en père laminé

Après "The Father" sur la maladie d’Alzheimer, Florian Zeller sort "The Son" qui n’est pas sa suite, mais un drame de la jeunesse. Bouleversant.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Zen McGrath, Hugh Jackman et Laura Dern dans "The Son" de Florian Zeller (2023). (Leonine)

Comme dans The Father, Florian Zeller revient sur les rapports père-fils avec The Son. Il adapte une autre de ses pièces, Le fils, où un adolescent déchiré entre son père et sa mère perd pied à y perdre la raison. Aux côtés de Hugh Jackman étonnant à contre-emploi, de Laura Dern et de Vanessa Kirby, le jeune Zen McGrath campe un ado borderline qui va franchir la ligne.

Négligeable


Nicholas, 17 ans, décroche : il ne va plus en cours depuis un mois. Depuis le divorce de ses parents, il vit chez Kate, sa mère (Laura Dern), alors que son père Peter (Hugh Jackman) remarié vient d’avoir un nouveau-né de sa nouvelle épouse Beth (Vanessa Kirby). L’adolescent demande à vivre dans le foyer de son père. L’heureux rapprochement des débuts cache une crise profonde chez Nicholas qui sèche les cours à nouveau, ment, et se cloisonne dans le mutisme, victime collatérale de l'explosion d'un couple.

Nicholas bloque sur son changement de comportement soudain. Il ne parvient pas à le définir, à mettre des mots sur ce qu'il ressent alors qu'il croit savoir ce qui lui échappe : l'amour, un foyer, une protection. L’amour perdu entre ses parents se reflète dans celui qu’il est persuadé n'avoir jamais reçu. Dans une déviance paranoïaque, Nicholas s’imagine qu’entre eux deux, il était "négligeable". Le monde s’écroule au moment où il devrait prendre sens, et quand les métamorphoses de l'adolescence s'ébauchent. Accident de parcours.

Le locataire


Nicholas n’est qu’affect face à un père brillant et une mère quittée qui semble avoir perdu sa vie. Zeller survole Kate (Laura Dern) pour se focaliser sur Peter (Hugh Jackman), car il est le modèle de son fils. Face au mutisme de Nicholas et ses feintes, le spectateur est comme lui emmené dans le mystère de la dépression adolescente. Les rares mots qui sortiront de Nicholas ébranlent Peter et précipiteront la suite. Sa dernière rencontre avec son propre père (Anthony Hopkins) est d'une cruauté palpable et crée une filiation avec The Father par l'acteur qui l'incarne.

Film d’intérieur, The Son traverse aussi Londres dans une photogénie glaciale, d’acier et de plomb, l’univers du père. L’appartement de Kate est plus chaud. Et qu'advient-il de Beth, la nouvelle épouse et mère, cloîtrée chez son mari à l'attendre ? Elle a tout d’une autre victime collatérale. Peter prend conscience et perd pied à son tour. On pense à Polanski dans ce huis clos éclaté où l’âme se cherche comme dans Le locataire. Mais le sujet est plus proche de James Gray. Une culpabilité épouvantable s’installe, gravitationnelle, qui transformera Peter, après son fils, à jamais. Plus dure sera la chute : bouleversant. 

L'affiche de "The Son" de Florian Zeller (2023). (ORANGE STUDIO DISTRIBUTION / UGC DISTRIBUTION))

La fiche

Genre :  Drame
Réalisatrice : Florian Zeller 
Acteurs : Hugh Jackman, Laura Dern, Vanessa Kirby, Zen McGrath
Pays : France / Grande-Bretagne
Durée : 2h03
Sortie : 1er mars 2023
Distributeur : Orange Studio Distribution / UGC Distribution

Synopsis : À dix-sept ans, Nicholas semble en pleine dérive, il n'est plus cet enfant lumineux qui souriait tout le temps. Que lui arrive-t-il ? Dépassée par la situation, sa mère accepte qu’il aille vivre chez son père, Peter. Remarié depuis peu et père d’un nouveau né, il va tenter de dépasser l’incompréhension, la colère et l’impuissance dans l’espoir de retrouver son fils.

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