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"The Riot Club" étale les excès de l'élite d'Oxford

On se souvient de "La Crème de la crème" de Kim Chapiron, sur les dérives d'étudiants privilégiés d'une des meilleures écoles de commerce en France. Lone Scherfig visite, elle, un des ces clubs d'étudiants très fermés d'Oxford où tous les excès sont permis avec une violence, un mépris et un aplomb déconcertants : indécent, révoltant.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
"The Riot Club" de Lone Scherfig
 (Nicola Dove)
La note Culturebox
3 / 5                  ★★★☆☆

De Lone Scherfig (Grande-Bretagne), avec :  Sam Claflin, Max Irons, Douglas Booth, Sam Reid, Ben Schnetzer, Jack Farthing, Matthew Beard, Freddie Fox, Holliday Grainger - 1h46 - Sortie : 31 décembre 2014
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis : Le Riot Club est réservé à l’élite de la nation. Ce cercle très secret d’Oxford fait de la débauche et de l’excès son modèle depuis 3 siècles. Miles et Alistair, deux étudiants en première année, ne reculeront devant rien pour avoir l’honneur d’en faire partie...

Un vrai-faux club
Danoise, Lone Scherfig tourne tant en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis que dans son pays d'origine. Elle prend ici pour cadre Oxford (reconstitué à Winchester), une des plus prestigieuses universités du monde, en l'explorant par le petit bout de la lorgnette, nous ouvrant les portes d'un club très secret, The Riot Club, vieux de trois siècles, où seuls dix membres de l'élite locale peuvent être membres.

Le film s'inspire d'une pièce de Laura Walde, qu'elle a elle-même adaptée pour l'écran. Si de nombreux clubs dédiés à la boisson et à la débauche existent bel et bien à Oxford et au sein d'autres grandes universités, The Riot Club en tant que tel n'existe pas, mais s'inspire de ces "institutions" estudiantines, comme le Bullington Club, The Goblins, The Phoenix, The Myrmidon…  Toutefois, le film, comme la pièce, "Posh", (chic, distingué, élégant… en français) se revendique une pure fiction, tout en reprenant les rites d'initiation et les excès de boissons pratiqués par une "gentry" destinée aux plus hautes fonctions du pays. Ainsi le Premier ministre britannique David Cameron est passé par le Bullington Club.

Ben Schnetzer et Freddie Fox dans "The Riot Club" de Lone Scherfig
 (© Nicola Dove)

Force de destruction massive
La scénariste et la réalisatrice ont ancré leur récit dans le réel. L'ouverture du film au XVIIIe siècle avec la fondation du club, se réfère à Lord Riot, décédé en 1776, réputé d'une grande intelligence, d'une grande culture, mais également de grand libertinage. Au cours de l'enquête qu'elle mena pour l'écriture de sa pièce, Laura Walde découvrit qu'un de ces clubs universitaires avait comme rituel de se réunir pour un repas de gala dans un restaurant, puis de détruire totalement la salle, en dédommageant en monnaie sonnante et trébuchante le propriétaire. Episode qui compose toute la seconde partie de "The Riot Club".

Le film souligne le mépris qu'entretiennent ces quelques privilégiés à l'égard des moins pourvus. Ces jeunes gens fortunés et "biens nés" ne vivent qu'entre eux, tenant à distance ceux qu'ils considèrent comme inférieurs, allant jusqu'à les rabaisser plus bas que terre. Alors que plus tard des fonctions politiques ou de grand fonctionnaire, au service des populations, les attendent. Laura Walde et Lone Scherfig font parfaitement passer le message, notamment en exposant en partie le récit à travers les yeux d'une jeune femme, extérieure au club, mais petite amie d'un de ses membres et qui en fera les frais.

La construction du récit est comme une montée en puissance des exactions commises, jusqu'à un climax dévastateur, d'une violence inouïe qui n'est pas sans rappeler "Orange mécanique". Demeure une petite baisse de régime dans le rythme du film, dont l'heure-quarante-six aurait pu être élaguée de quelques minutes, en lui donnant plus de punch. 

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