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"The Place" : questionnement philosophique dans un huis clos

Sixième film de l’Italien Paolo Genovese ("C’est la faute de Freud"), "The Place" revendique son statut de théâtre filmé, ce qui en général qualifie plutôt un mauvais film. Unité de lieu, de temps et d’action, champ-contrechamp, dialogues dominent la mise en images de ce "lieu" ("The Place"), où un mystérieux personnage confie des missions irréalisables à dix personnages en quête de sens.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
"The Place" de Paolo Genovese
 (Bodega Films )

Les contraires

Qui est-il ? Qui est cet homme qui passe toutes ses journées à la table d’un café, bardé de ses livres et dossiers, face à des requérants qui lui confient leurs problèmes afin qu’il les résolve, en leur infligeant des missions incompatibles avec leurs convictions ? Comme il le dit si bien, son rôle est de "trier ceux qui refuseront". Est-ce le Diable ? Dieu ? Un charlatan ?
Dans une situation aussi statique, il faut que le verbe compense. Et on n’est pas déçus ! "The Place", qu’adapte Paolo Genovese du romancier américain Christopher Kubasik, est un puits sur la nature humaine : il y a celui qui rêve d'emballer la pin-up dont les posters recouvrent les murs de sa chambre. Il y a celle qui veut sauver son mari du cancer terminal après l’avoir haï toute sa vie. Il y a une nonne qui veut recouvrer la foi, prête à coucher avec un homme pour y parvenir… Tous, à l'étonnement de leur interlocuteur, s'avèreront liés. Comme toute l'humanité.

Dieu y reconnaîtra les siens

"The Place" développe un champ passionnant de "cas", autant divers que particuliers. Par ce panel Paolo Genovese dresse comme un portrait de la société occidentale, équation morale - non moralisatrice - au passage. Face à eux, l'homme se contente de poser des questions sans jamais se livrer, alors qu'eux lui disent tout. Monocorde, taiseux, péremptoire, il propose. A eux d’accepter ou non ce qu’il leur inflige. "Dieu y reconnaîtra les siens".
Valerio Mastandrea dans "The Place" de Paolo Genovese
 (Bodega Films )
D’une très belle écriture, jouant d’un mystère prenant, "The Place" gagnerait en force s’il était vu au théâtre. Ces échanges vécus sur scène y auraient plus d'impact, le cinéma réclamant un autre rythme, une autre narration. La présence charnelle des acteurs, tant l’existentialisme habite le sujet, rendrait le propos plus prenant. 
The Place : l'affiche
 ( Bodega Films )

LA FICHE

Drame de Paolo Genovese  
Pays : Italie
Avec : Valerio Mastandrea, Marco Giallini, Alba Rohrwacher 
Durée : 1h45
Sortie : 30 janvier 2019

Synopsis :Un homme mystérieux, assis à la même table d’un café, reçoit la visite de dix hommes et femmes qui entrent et sortent à toute heure de la journée pour le rencontrer et se confier. Il a la réputation d’exaucer le vœu de chacun en échange d’un défi à relever. Tous se précipitent à sa rencontre. Mais pourquoi et jusqu’où iront-ils pour réaliser leurs désirs ?

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