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"The Creator" : Gareth Edwards signe un beau film de science-fiction intelligent sur l'IA

Après "Monsters" et "Rogue One : A Star Wars Story", Gareth Edwards confirme son talent pour une science-fiction adulte et distrayante.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
"The Creator" de  Gareth Edwards (2023). (20th CENTURY STUDIOS ALL RIGHT RESERVED)

Partisan d’une science-fiction thématique et visuelle au réalisme peaufiné, Gareth Edwards est depuis plus de dix ans un des cinéastes sur lesquels l’on peut compter pour mettre en scène une science-fiction à la fois exigeante et familiale. Rogue One : A Star Wars Story est son plus beau fleuron, mais remonte à 2016. Une longue gestation précède donc The Creator, sur les écrans mercredi 27 septembre, mais l'attente en vaut la chandelle.

Beau et intelligent

Dans un proche futur, Joshua mène une guerre sans merci avec son épouse Maya contre des intelligences artificielles (IA) en Asie, où elle perd la vie. Dévasté, cinq ans après, le soldat est sollicité pour être renvoyé sur le terrain, afin de mettre la main sur une arme surpuissante dont peut dépendre l’issue de la guerre. Quand Joshua apprend la nature de cette arme, ses convictions à l’égard de ses ennemis s’émoussent. Où sont la vérité et le mensonge, la réalité et le virtuel, l’humanité et l’inhumain dans un monde peuplé d'avatars ?

Pas un jour sans que l’IA n’occupe l’actualité. Un jour ChatGPT menace toute la chaîne d’écriture mondiale (jusqu’à la critique de films !), et en ce moment l’escamotage des acteurs et actrices par leurs avatars numériques participe de la grève qui paralyse Hollywood. Les auteurs de SF en parlent depuis longtemps dans leurs romans et films, la robotique étant un de leurs sujets principaux depuis les années 1920. The Creator est son ultime déclinaison au cinéma, avec un scénario bien ficelé, aux personnages attachants, à l'action et à l'émotion bien soutenue, doublée d’une mise en scène des plus soignées de ces dernières années, en matière de science-fiction.

Equation ouverte

Si certaines scènes semblent téléphonées au démarrage dans le scénario de The Creator, d’autres ne doivent pas être dévoilées, pour en préserver l’effet de surprise. Cela n’enlèverait rien au dilemme auquel est confronté Joshua, le héros du film, mais mieux vaut moins en dire que spoiler. De ce point de vue, le sujet de l’intelligence artificielle qu’il pose reste curieusement ouvert dans sa conclusion, et incite à revoir le film. Une sensation toujours vibrante, quand, à la sortie de la salle, l’œuvre vous hante encore.

C’est l’effet que produit The Creator, sans parler de son sens extrême de l’image en totale continuité avec les précédents films de Gareth Edwards, Monsters et Rogue One, Godzilla étant moins abouti. Cet attachement à une science-fiction réaliste, qu’a également Christopher Nolan, s’incarne ici notamment dans un système de surveillance planétaire, visuellement très impressionnant, et central à l’histoire. L’émotion n’est pas en reste dans le tableau, loin s’en faut, dans ce qui s’avère le meilleur film de science-fiction depuis longtemps.

L'affiche de "The Creator" de  Gareth Edwards (2023). (20th CENTURY STUDIOS)

La fiche

Genre : Science-fiction
Réalisatrice :  Gareth Edwards
Acteurs : John David Washington, Gemma Chan, Ken Watanabe
Pays : Grande-Bretagne / Etats-Unis
Durée : 2h13
Sortie : 27 septembre 2023
Distributeur : The Walt Disney Company France

Synopsis : Dans un futur proche, humains et intelligence artificielle (IA) se livrent une guerre sans merci. Soldat américain infiltré en Asie, Joshua est séparé de sa femme Maya au cours d’un assaut. Supposant que celle-ci est décédée, il rentre aux États-Unis, complètement dévasté. Cinq ans plus tard, l’armée lui demande de revenir sur le terrain, craignant qu’une puissante intelligence artificielle n’ait créé une arme qui permette à l’Orient de gagner la guerre qu’elle livre à l’Occident. Sentant son utilisation proche, elle souhaite qu’il la trouve et la détruise.
Lorsque la colonelle Jean Howell apprend à Joshua que Maya est peut-être en vie et qu’elle se trouverait dans la zone de combat, celui-ci trouve soudainement un nouvel enjeu dans cette mission qu’il avait tout d’abord accepté à contrecœur. Cependant, peu après son arrivée en Asie, il découvre que l’arme en question n’est autre qu’une petite fille de 6 ans prénommée Alphie. Dès lors, Joshua commence à remettre en question ses convictions sur l’IA : Où est la vérité ? Que lui a-t-on caché ?

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