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"Sous surveillance" : Robert Redford fugitif à rebrousse temps

Robert Redford devant et derrière la caméra, c’est un plaisir que l’on n’avait pas eu depuis longtemps. Icône du cinéma américain indépendant comme initiateur du Festival de Sundance, politiquement engagé, avec « Sous surveillance », il signe un thriller fidèle à lui-même en jouant d’un scénario sur l’empreinte du temps.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Robert Redford devant et derrière la caméra de "Sous surveillance"
 (SND)

De Robert Redford (Etats-Unis), avec : Robert Redford, Shia LaBeouf, Richard Jenkins, Susan Sarandon, Stanley Tucci - 2h01 - Sortie : 2h01

Synopsis : En 1969, un groupe de militants radicaux appelés Weather Underground revendique une vague d’attentats aux Etats-Unis pour protester contre la guerre du Vietnam. La plupart de ses membres furent emprisonnés, mais quelques-uns disparurent sans laisser de trace… Jusqu’à aujourd’hui. L’arrestation de Sharon Solarz remet cette affaire sur le devant de la scène, au point d’attiser la curiosité du jeune et ambitieux reporter Ben Schulberg. Jouant de ses relations au FBI, il rassemble petit à petit les pièces du puzzle, le menant jusqu’à Jim Grant, un avocat apparemment sans histoires. Lorsque celui-ci disparait, le journaliste se lance sur sa piste, déterminé à le retrouver avant le FBI.

Chronos
En traitant d’un sujet contemporain relié aux années 70, Robert Redford revient sur l’époque qui a forgé sa carrière. Comme s’il regardait en arrière pour établir un bilan sur un autre temps, ses valeurs et le travail de chronos sur les mentalités. En retrouvant ses compagnons d’autrefois dans sa fuite des autorités à ses basques, Jim Grant (Robert Redford) fait un voyage dans le temps pour mieux s’en émanciper.

Le thème de la vieillesse se fait jour dans chacune de ces rencontres et avec elles celui des illusions perdues. Aucune nostalgie dans ce constat, plutôt la confiance dans le temps présent, incarnée par la fille de Jim Grant, sur laquelle repose toute sa démarche et pour laquelle il fuit, afin de s’innocenter d’une faute non commise. Ce n’est toutefois pas tant une fuite que la quête d’une femme, seule capable de l’absoudre de ce dont on l’accuse. Elle, a gardé ses convictions, mais le présent, finalement, va aussi la rattraper.

Terrence Howard, Shia LaBeouf, Anna Kendrick dans "Sous surveillance" de Robert Redford
 (SND)

Les seventies en toile de fond
En parallèle à cette quête, Redford filme l’enquête d’un journaliste (Shia LeBeouf) sur ce passé remonté à la surface, quarante ans plus tard. Toujours avec une longueur d’avance sur le FBI, le reporter est une référence explicite aux « Hommes du président » (1976) d’Alan J. Pakula, sur l’affaire du Watergate, production réalisée à l’initiative de Redford et film phare des années 70. Si la référence est cinématographique, elle est aussi en prise avec le sujet de « Sous surveillance » et avec Redford lui-même tout comme ce qu’il personnifie, en termes d’indépendance.

Adepte d’une cinématographie classique, tout comme un Clint Eastwood - de la même génération -, Redford prend son temps pour raconter son histoire. L’enquête est toutefois bien menée, tout en résilience avec ce cinéma des années 70, récemment remis au goût du jour par David Fincher dans « Zodiac » ou « Social Network ». Aussi, si une bonne partie des qualités de « Sous surveillance » réside dans son sujet, la forme n’en est pas absente dans son rapport intime avec son auteur, sa place dans le cinéma et sa personnalité charismatique, honnête et engagé.

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