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"Sous les jupes des filles" : la comédie girly événement

Cela faisait un moment que passer derrière la caméra chatouillait la comédienne Audrey Dana. Après deux courts, c’est désormais fait avec "Sous les jupes des filles" nanti d’un casting de rêve, écrit par des femmes, après des dizaines d’entretiens pour "cerner" la femme du XXIe siècle, réalisé par une actrice avec onze rôles féminins principaux… À l’unique destination des femmes ?
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Vanessa Paradis dans "Sous les jupes des filles" d'Audrey Dana
 (Luc Roux 2014 Fidélité Films – Wild Bunch – M6 Films)
La note Culturebox
3 / 5                  ★★★☆☆

D' Audrey Dana (France), avec : Isabelle Adjani, Alice Belaïdi, Laetitia Casta, Audrey Dana, Julie Ferrier, Audrey Fleurot, Marina Hands, Géraldine Nakache, Vanessa Paradis, Alice Taglioni, Sylvie Testud, Marc Lavoine, Pascal Elbé, Alex Lutz - 1h56 - Sortie : 11 juin 2014

Synopsis : Paris. 28 premiers jours du printemps. 11 femmes. Mères de famille, femmes d'affaires, copines, maîtresses ou épouses... Toutes représentent une facette de la femme d'aujourd'hui : Complexes, joyeuses, complexées, explosives, insolentes, surprenantes... Bref, un être paradoxal, totalement déboussolé, définitivement vivant, FEMMES tout simplement !
Politiquement incorrect
Ce n’est pas la première comédie chorale féminine ("Mes meilleures amies", "Le Bal des actrices", "Sex and the City"…). Mais c’est une des rares à voir autant de femmes à la fabrication et à l’interprétation d’un film. Audrey Dana et sa co-auteure Raphaëlle Desplechin ont concocté onze portraits de femmes aussi différents que possible, qui ne se croisent pas forcément, mais dessinent une typologie sociétale pertinente, drôle et un rien trashy.

Cela commence bien avec une Audrey Dana, en pleine déprime sexuelle, fumant un joint et comptabilisant ses règles depuis sa puberté… Le ton est donné. Vanessa Paradis y est une femme d’affaires psychorigide, Isabelle Adjani réfute sa ménopause, Géraldine Nakache plaque son mari et ses trois gosses pour craquer sur Alice Taglioni, pendant que Laetitia Casta est complexée par ses traquas gastriques… On le voit par ce survol non exhaustif : le film ne tombe pas dans les clichés plus ou moins complaisants.

Où sont les hommes ?
Même si elle vaque de l’une à l’autre, avec des passages de relais pas toujours en douceur, Audrey Dana évite d’aligner une série de sketches plus ou moins réussis et mal ficelés entre eux. Le fil conducteur demeure le rapport qu’entretiennent toutes ces femmes avec elles-mêmes, leurs congénères et les hommes. Comme on pouvait s’y attendre, par son titre, on parle beaucoup de sexe dans "Sous les jupes des filles". Mais majoritairement sous l’angle du fantasme. Fantasme de la performance, de la fidélité, de la polyvalence homme d’intérieur-bombe sexuelle-protecteur… De ce point de vue, Audrey Dana ne va pas dans le sens du poil, sans pour autant y aller au vitriol, ni être féministe. Mais simplement humaine, avec toutes ces femmes, touchantes d’une manière ou d’une autre.

Si les rôles féminins écrasent la présence masculine – qui s’en plaindra dans un paysage cinématographique à la dominante testostérone – les hommes ne sont pas absents. Ils n’en sont pas pour autant une cible, ni idéalisés, car tous différents, eux aussi, avec une vision sensible : tour à tour, menteur, volage, amoureux, lâches, sincères, fuyants… Demeure toutefois une constante, ou presque : elles sont toutes belles, ils sont tous beaux, peut-être un peu trop. On regrettera enfin une chorégraphie finale qui lorgne un peu maladroitement du côté du "Bal des actrices" de Maïwenn. Cela serait enfin réducteur de penser que "Sous les jupes des filles" ne s’adresse qu’à un public féminin. Les spectateurs y apprendront sans doute, sous une forme résolument ludique, un peu de psychologie féminine, par ce regard irrespectueux et distrayant.

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