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"Sous les étoiles de Paris" : émouvante SDF, Catherine Frot recueille un petit réfugié comme dans un conte

Après son documentaire "Au bord du monde", Claus Drexel revient sur le monde des sans-abri côté fiction.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Catherine Frot et Mahamadou Yaffa dans "Sous les étoiles de Paris" de Claus Drexel. (Copyright Carole Bethuel)

Avec Sous les étoiles de Paris, qui sort mercredi 28 octobre, Claus Drexel est sur les pas du Kid (1921) de Charlie Chaplin, où Charlot le vagabond recueille un garçonnet. Il ne réalise pas un remake, mais féminise le sujet grâce à Catherine Frot en actualisant l’intrigue à l’heure des réfugiés.

La SDF et le kid

Vivant depuis des lustres sous les ponts de Paris, Christine (Catherine Frot) voit débarquer une nuit dans son refuge Suli, un petit garçon camerounais de huit ans qui ne parle pas français. Après un premier contact bougon, elle va retrouver ses instincts maternels, ayant elle-même perdu son fils par le passé. Elle comprend que Suli a été séparé de sa mère par les autorités. Ils partent ensemble à sa recherche.En captant de sa caméra observatrice le Paris nocturne et diurne, Claus Drexel filme un joli conte sur les laissés-pour-compte de la société française. Femme SDF, solitaire et déracinée, Christine incarne une misère que le réalisateur avait déjà traitée dans son documentaire Au bord du monde en 2013. Il l’aborde désormais dans une fiction, réaliste dans sa première partie, mélodramatique dans la seconde. Christine suit une initiation au contact de l’enfant qu’elle recueille, en tout point comparable à celle de Charlot dans The Kid.

Un conte moderne

Ici, l’enfant n’est pas abandonné, mais séparé par les autorités qui refusent le statut de réfugié à sa mère. Autre temps, autres mœurs. Claus Drexel s’en accommode avec tact, sans tomber dans le pathos. Il fait au passage le portrait d’une femme SDF, immergée dans un milieu majoritairement masculin. Pas de misérabilisme pour autant mais le retour des sentiments chez un être en survie, comme chez Chaplin. Le ton classique n’est toutefois pas burlesque, mais s’y réfère.

Catherine Frot et Mahamadou Yaffa dans "Sous les étoiles de Paris" de Claus Drexel. (Copyright Carole Bethuel)
Sans tomber dans la belle image issue de la misère, Claus Drexel revendique son film comme un conte. Les nuits bleutées, la caverne gothique où vit Christine au pied des rails du métro, le contraste avec l’aéroport où se conclut l’histoire, le suspense entretenu jusqu’à la fin… témoignent d’un soin de mise en scène qui sert l’histoire. Familial, sensible et entraînant, Sous les étoiles de Paris a un petit air de cinéma d’antan sur des thèmes contemporains.

L'affiche de "Sous les étoiles de Paris" de Claus Drexel. (Diaphana Distribution)

La fiche

Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Claus Drexel
Acteurs : Catherine Frot, Mahamadou Yaffa, Jean-Henri Compère, Richna Louvet
Pays : France
Durée : 1h30
Sortie : 28 octobre 2020
Distributeur : Diaphana Distribution

Synopsis : Depuis de nombreuses années, Christine vit sous un pont, isolée de toute famille et amis. Par une nuit comme il n’en existe que dans les contes, un jeune garçon de 8 ans fait irruption devant son abri. Suli ne parle pas français, il est perdu, séparé de sa mère… Ensemble, ils partent à sa recherche. A travers les rues de Paris, Christine et Suli vont apprendre à se connaître et à s’apprivoiser. Et Christine à retrouver une humanité qu’elle croyait disparue.

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