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"Sister" : chronique d'une famille bulgare dans une société en quête de sens

Rare film bulgare à sortir en France, le deuxième long métrage de Svetla Tsotsorkova nous plonge dans une société mal connue, en déshérence.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Elena Zamyarkova et Monika Naydenova dans "Sister" de Svetla Tsotsorkova. (Copyright Tamasa Distribution)

Les productions en provenance de pays peu distribués en France, comme l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, la Mongolie, la Lituanie… s’avèrent souvent des perles. C’est le cas de Sister de la Bulgare Svetla Tsotsorkova qui sort mercredi 7 octobre. L’histoire d’une jeune femme, mal aimée et revêche, engagée sur le chemin d’une rédemption, dans une société bulgare en décomposition.

Une peste

Rayna, sa sœur aînée Kamelia, et leur mère tiennent une échoppe de poteries et de figurines artisanales à la lisière de leur village bulgare. L’aînée sort avec Miro, un ferrailleur un peu rustre, que déteste Rayna. Mythomane, elle s’invente des histoires, et prétend qu’il trompe sa soeur. Un mensonge de trop qui la remet en question et lui révèle la fragilité de sa famille, son seul refuge.Un cœur de pierre sous un visage d’ange. Telle est Rayna qui s'est endurcie en s’inventant des vies pour échapper à l’ennui, se mettant ainsi à dos tout son entourage, famille, voisins, villageois… comme par plaisir. Une peste. Assimilée à une sorcière, elle se complait dans sa marginalité avec une malignité maladive. Ennemie jurée de Miro, l’amant de sa sœur, un événement va la faire basculer vers une quête de rédemption.

Le fond de la piscine

Les mensonges de Rayna pourraient recouper ceux des autorités bulgares, dont la corruption s’est traduite par le détournement des fonds d’aides européens, alors que la Bulgarie est à ce jour le pays le plus déshérité de l’UE. Le contexte rural de Sister reflète la pauvreté du pays, les rares habitants de la petite localité survivent d’expédients plus ou moins légaux. La solidarité est inexistante et les rapports sociaux distants, voire antagonistes. Rayna et Kamelia parviennent à s’entendre, jusqu’au faux pas de la cadette. Sa mère lui reprochera de détruire ainsi le frêle équilibre familial. Elle en prendra conscience et fera tout pour réparer son erreur et lever le voile sur un secret de famille. 

Monika Naydenova dans "Sister" de Svetla Tsotsorkova. (Copyright Tamasa Distribution)
Comme toute crise, celle provoquée par Rayna, va se conclure sur une lueur d’espoir, une métamorphose. Quand on touche le fond de la piscine, on ne peut que remonter. Filmé sur un mode naturaliste, Sister n’est pas déprimant pour autant. La réalisatrice Svetla Tsotsorkova, coscénariste, relance constamment son récit tout en gardant la société bulgare en toile de fond. Sa dramaturgie finement menée est servie par trois superbes actrices, Monika Naydenova en tête. Une magnifique Cassandre, dont les ténèbres vont se dissiper pour s'élever vers la lumière.
L'affiche de "Sister" de Svetla Tsotsorkova. (Tamasa Distribution)

La fiche

Genre : Drame
Réalisatrice : Svetla Tsotsorkova
Acteurs :  Monika Naydenova, Svetlana Yancheva, Elena Zamyarkova, Assen Blaetchky
Pays : Bulgarie / Qatar
Durée : 1h37
Sortie : 7 octobre 2020
Distributeur : Tamasa Distribution

Synopsis : Rayna est une jeune fille au tempérament explosif et au visage d'ange. Avec sa mère et sa sœur, elles tentent de survivre en fabriquant des figurines qu’elles vendent aux touristes sur le bord de la route de leur village bulgare. Pour échapper à l’ennui de son existence, Rayna invente souvent des histoires. Mais ce jeu au début amusant finit par menacer le fragile équilibre de sa famille.

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