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"Sibel" : Damla Sönmez si belle jeune muette dans un film éloge de la différence

Après "Noor" et "Ningen", la cinéaste turque Çagla Zencirci et le réalisateur français Guillaume Giovanetti collaborent dans un troisième long métrage, "Sibel". Trois films, avec au cœur de leurs sujets la différence, celle d’un transsexuel, d’un entrepreneur japonais hanté par le passé, et aujourd’hui une jeune femme turque mise au ban de sa communauté rurale pour son mutisme.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Damla Sönmez dans "Sibel" de Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti
 (Pyramide Distribution )

La langue sifflée

Situé dans une région montagneuse et rurale oubliée des bords de la mer Noire, au nord-est de la Turquie, "Sibel" se focalise autour d’un langage sifflé servant de substitut à la parole, seulement connu et pratiqué dans cette partie du monde. Même si elle est en perte de vitesse, cette langue reste assez pratiquée et elle est enseignée à l’école. Chaque note correspond à une syllabe de la langue turque, et son usage sert toujours pour communiquer entre les montagnes.
Muette, Sibel, 25 ans, vit avec son père et sa sœur dans un village isolé de Turquie, dont il est le maire. Elle utilise un langage sifflé, unique au monde mais courant chez les autochtones, pour pallier son handicap. Elle n’en reste pas moins rejetée par la communauté et, pour être reconnue, décide de traquer un loup qui hanterait la région. Elle rencontre alors dans la forêt un fugitif qui va la révéler à elle-même, mais l’éloigner un peu plus du village. Elle n'en restera pas moins pugnace et combattra pour ses convictions jusqu'au bout.

Entre ethnologie et fantastique

Si "Sibel" participe de la forme documentaire, son scénario qui confronte une handicapée à sa communauté, donne la part belle au romanesque, sinon au conte. Femme, belle, muette, rebelle… Sibel accumule les obstacles pour être intégrée. Les croyances vivaces dans le village, les superstitions l’identifient à une sorcière, même si son père est un homme puissant. Son invalidité passe pour être contagieuse et elle reste des journées entières dans les bois. Sibel s’oppose au mariage forcé de sa sœur, arguant que cela l’empêcherait de suivre des études, ce qui renforce son image négative de paria. Sa rencontre avec un fugitif identifié à un terroriste va encore davantage l’isoler et la mettre en danger.
Damla Sönmez, Elit Iscan et Emin Gürsoy dans "Sibel" de Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti
 (Pyramide Distribution)
Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti traduisent sans redondance et avec sobriété, tout en filmant avec esthétisme, cette étrange affaire, à la frontière de l’ethnologie et du fantastique. Film militant, féministe, contre les préjugés et l’obscurantisme, "Sibel", sans esbroufe, bénéficie également de la révélation d’une jeune comédienne belle et talentueuse en Damla Sönmez (11 prix d'interprétation dans divers festivals). Une ode sensible et puissante à la tolérance.
"Sibel" : l'affiche
 (Pyramide Distribution )

LA FICHE

Drame de Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti 
Pays : Turquie / France / Allemagne / Luxembourg
Avec :  Damla Sönmez, Emin Gürsoy, Erkan Kolçak Köstendil, Elit Iscan, Meral Cetinkaya
Durée : 1h34
Sortie : 6 mars 2019

Synopsis : Sibel, 25 ans, vit avec son père et sa sœur dans un village isolé des montagnes de la mer noire en Turquie. Sibel est muette mais communique grâce à la langue sifflée ancestrale de la région. Rejetée par les autres habitants, elle traque sans relâche un loup qui rôderait dans la forêt voisine, objet de fantasmes et de craintes des femmes du village. C’est là que sa route croise un fugitif. Blessé, menaçant et vulnérable, il pose, pour la première fois, un regard neuf sur elle. 

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