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"Qu’un sang impur" : un regard singulier sur la guerre d’Algérie

Très attendu, le film d’Abdel Raouf Dafri offre un regard nouveau sur la guerre d’Algérie en évitant les chemins balisés. Mais ses personnages sont trop stylisés pour nous convaincre vraiment.

Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Johan Heldenbergh et Olivier Gourmet dans "Qu'un sang impur" (MARS FILMS)

Comme l’ensemble de la société française, le cinéma hexagonal n’a jamais été très à l’aise avec la guerre d’Algérie, ni très fécond. Les rares films qui lui sont consacrés remontent, pour la plupart, au siècle dernier (Avoir vingt dans les Aurès en 1972, La bataille d’Alger en 1966 ou La belle vie en 1962). Un peu plus récemment, Florent Emilio Siri (L’ennemi intime en 2006) et Rachid Bouchareb (Hors la loi en 2010) ont réveillé le sujet mais on est bien loin de la quantité et de la variété de la production américaine sur la guerre du Vietnam.  

Après avoir démontré un spectaculaire talent de scénariste (Un Prophète, Mesrine, Braquo, La Commune….),  Abdel Raouf Dafri a fait le choix de consacrer son premier film à cette "sale guerre" dont les souvenirs douloureux continuent à hanter plusieurs générations de chaque côté de la Méditerranée.

"Qu'un sang impur" : Ni "camp du bien" ni "camp du mal absolu"
"Qu'un sang impur" : Ni "camp du bien" ni "camp du mal absolu" "Qu'un sang impur" : Ni "camp du bien" ni "camp du mal absolu" (FRANCE 2)

Reportage France 2 : P. Deschamps, J.-P. Magnaudet, P. Crapoulet, L. Ricaud 

Tournée pour l’essentiel au Maroc, cette fiction s’attarde sur le cas d’un héros désabusé de la guerre d’Indochine renvoyé au charbon en Algérie pour y dénouer le mystère de la disparition d’un colonel de l’armée française.  

Le film s’ouvre dans un camp de militaires français dans les Aurès. Dehors, des appelés se demandent ce qu’ils font là. Sous la toile de tente qui l'épargne de la chaleur, de la lumière écrasante et des regards indiscrets, une unité spéciale mène un interrogatoire avec sauvagerie. Une violence qu’on ne cessera de retrouver ensuite, dans les deux camps. Pas de quartier pour l’adversaire, pas de pitié pour sa famille, femme et enfants, on ne fera pas de sentiment.  

"Qu'un sang impur" d'Abdel Raouf Dafri (2020) (MARS FILMS)

Abdel Raouf Dafri n’a pas pris le parti d’une approche documentaire, ultra-réaliste. Il investit au contraire le registre d’un western moderne, s’appuyant sur des codes susceptibles de toucher un public jeune. Son scénario percute, quitte à perdre de temps à autre un peu de crédibilité. Si les dialogues claquent, c'est parfois dans le vide comme ceux du colonel Delignières, un personnage porté par un Olivier Gourmet qu’on a déjà vu plus à son aise.  

Tourné avec un budget modeste mais une solide exigence, bien porté par la musique d’Eric Neuveux, ce premier long-métrage ne répond sans doute pas à tous les espoirs qu’il a pu susciter. Mais les premiers pas d’Abdel Raouf Dafri dans son nouveau métier de réalisateur laissent augurer le meilleur.

Hichem Yacoubi dans "Qu'un sang impur" (2020) (MARS FILMS)

La fiche

Genre : Guerre
Réalisateur : Abdel Raouf Dafri
Acteurs : Johan Heldenbergh, Linh Dan Pham, Olivier Gourmet et Lyna Khoudri
Pays : France
Durée : 1h49
Sortie : 22 janvier 2020
Distributeur :  Mars Films

Synopsis : Alors qu’il n’est plus que l’ombre du guerrier qu’il était en Indochine, le colonel Paul Andreas Breitner se voit contraint de traverser une Algérie en guerre, à la recherche de son ancien officier supérieur : le colonel Simon Delignières, porté disparu dans les Aurès Nemencha, une véritable poudrière aux mains des rebelles.

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