"Jerico : le vol infini des jours" : documentaire envoûtant sur une Colombie nostalgique
Visages, village
Ce premier film documentaire de Catalina Mesa éblouit dès ses premières images par l’harmonie de ses plans, cadrés avec une précision et des compositions colorées de tous les instants. Où sommes-nous ? A Jericó, village de la région d’Antioquia du nord-ouest de la Colombie. Là, Chila, Luz, Fabiola, Elvira évoquent leur attachement à Jericó, leur vie passée, la religion, l’amour, le sexe aussi…Catalina Mesa les cadre avec amour chez elle, leur intérieur révélant leur personnalité : une collection de rosaires dans la chambre de Chila, des bibelots kitsch chez Fabiola, la cuisine, centre névralgique de chez Luz… Elle les filme avec une attention, un respect qui élèvent "Jericó: le vol infini des jours" au rang des meilleurs documentaires, comme "Visages, Villages" d’Agnès Varda et J. R. l’an dernier. L’on y retrouve ce lien intime entre des personnes, ici des femmes, et leur environnement.
L’éternité du quotidien
Si les images sont fortes, avec ces façades de maisons peintes, chatoyantes, ces paysages verdoyants magnifiques, ces femmes expressives et touchantes, les mots portent aussi. La dévotion religieuse qui frise l’idolâtrie, voire le paganisme, l’évocation des amours passés, l’espoir d’un être aimé… sont confiés avec spontanéité. Ces confessions constituent des instants de vie volés à l’éternité du quotidien, à l’image de ces cerfs-volants qui ponctuent l’infini du ciel.Catalina Mesa ne cherche pas à témoigner sur la Colombie actuelle, elle poétise des vies en déployant une palette de sentiments et d’émotions qui parlent à tous. Un film envoûtant.
LA FICHE
Réalisateur : Catalina Mesa
Pays : Colombie / France
Sortie : 20 juin 2018
Synopsis : À Jericó, village de la région d’Antioquia en Colombie, des femmes d’âges et de conditions sociales différentes évoquent les joies et les peines de leur existence. Leurs histoires se dévoilent l’une après l’autre, ainsi que leur espace intérieur, leur humour et leur sagesse. Chila, Luz, Fabiola, Elvira… tour à tour frondeuses, nostalgiques, pudiques et impudiques. Un feu d’artifices de paroles, de musique et d’humanité.
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