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"Abdel et la Comtesse" avec Charlotte de Turckheim et Amir El Kassem: une nouvelle comédie sur le choc des cultures

Sur le thème inépuisable de la différence, Charlotte de Turckheim et Amir El Kassem partagent l'affiche d'une nouvelle comédie destinée à un large public. Nous avons rencontré les deux comédiens, très complices, juste avant la sortie du film.
Article rédigé par Valérie Gaget
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Charlotte de Turckheim et Amir El Kassem
 (SND)

D’aucuns diront le thème éculé, usé jusqu’à la corde. « Abdel et la Comtesse », comme son titre l’indique, joue sur le choc des cultures, la confrontation des contraires. On ne compte plus les comédies ayant exploité ce même filon comique ces dernières années. « Intouchables » bien-sûr en 2011 avec Omar Sy et François Cluzet, « De l’autre côté du périph » l’année suivante avec Laurent Lafitte et le même Omar Sy, « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? » en 2014 ou plus récemment « A bras ouverts » avec Christian Clavier et Elsa Zylberstein.

Reportage: Valérie Gaget, Thierry Breton, Pascal Crapoulet et Gaëlle Liaboeuf

Cela n’empêche pas le film d’être réussi grâce au formidable duo formé par Charlotte de Turckheim et Amir El Kassem. Nous les avons rencontrés dans un hôtel parisien à une semaine de la sortie nationale. Ils s’apprêtaient à rejoindre, le soir même, le château de Blossac en Bretagne, un bâtiment du XVIIème siècle où le film a été tourné.

Charlotte de Turkheim et Amir El Kassem ne se connaissaient pas. En la regardant tendrement, il nous explique: « J’ai rencontré cette dame classe, jamais grossière, jamais vulgaire (…) libre et trop douce avec moi. Cela m’a beaucoup nourri pour nourrir le personnage d’Abdel ».  

Un Arsène Lupin de banlieue... 

Ce jeune comédien, né à Paris, a ensuite grandi dans la périphérie de Bordeaux. « Je suis passé de la rue Mademoiselle dans le 15ème arrondissement à la banlieue. C’était très différent » raconte-t-il. On le voit de plus en plus. A la télévision dans des séries comme « Les hommes de l’ombre » et « Kaboul kitchen ». Au cinéma dans « Une histoire de fou » de Robert Guédiguian, « Le convoi » de Frédéric Schoendoerffer ou encore le film de Xabi Molla, « Comme des rois », sorti le 2 mai dernier. Dans « Abdel et la Comtesse », réalisé par Isabelle Doval, il joue le rôle d’un jeune délinquant esthète qui ne vole que des œuvres d’art. Un « Arsène Lupin de banlieue » rigole-t-il.

... et une comtesse coincée

La comtesse (Charlotte de Turckheim) vient elle, de perdre son mari. Sur son lit de mort, elle a dû lui promettre de respecter la tradition en nommant un homme à la tête du domaine plutôt que sa fille Blanche qui aurait pourtant toutes les qualités requises. Son neveu Gonzague, aussi cupide qu'insupportable, est pressenti. « Dans le fond, elle est contre cette règle mais toute seule, elle ne peut pas se défaire de ce carcan. Elle ne peut pas désobéir mais elle en aurait envie », explique Charlotte de Turckheim, issue comme son personnage de l’aristocratie (elle est fille de baron). « Elle a un côté très femme libre, elle est grossière, dit des gros mots, dit ce qu’elle pense mais dans le fond, elle est assez coincée ».

L'élégance en héritage

Sa rencontre fortuite avec Abdel va l’aider à se libérer. Ils sont aux antipodes l’un de l’autre mais vont peu à peu se découvrir des valeurs communes. Lui aussi devra s’affranchir de certains codes de son quartier pour pouvoir avancer.

« Ce qui nous enferme tous, ce sont des règles de notre milieu, de notre famille avec lesquelles on n’est plus d’accord », estime Charlotte de Turckheim. « On doit tous faire le tri de ce que l’on veut garder ou pas de notre éducation ».

A-t-elle mis un peu d’elle dans son personnage de comtesse ? « Oui, assume-t-elle. Il y a pas mal de moi. Il y a effectivement cette idée d’avoir un peu de quant-à-soi, de ne pas se plaindre, ne pas geindre et une fragilité que j’ai du mal à montrer. C’est aussi un handicap dû à mon éducation. On peut donner l’impression qu’on manque de fragilité, de douceur ».  

Elle se dit un peu loin aujourd’hui du monde de l’aristocratie. « Ma conseillère technique sur le film, c’était ma sœur. Je l’appelais. Moi, j’avais un peu oublié comment on met les couverts ! Je ne vis plus trop dans cet univers même si je les adore. Ma sœur m’aidait en douce ».

Son partenaire trouve qu’elle a gardé de cette éducation une élégance dont elle n’a peut-être pas conscience. Comme un fil invisible.

Mort de rire

La complicité des deux comédiens saute aux yeux. Il y a une scène dans le film particulièrement drôle, une sorte de leçon de maintien inversée. Au pied des tours de sa cité, Abdel enseigne à la comtesse comment se comporter en banlieue. Pince-sans-rire, Charlotte nous dit qu’elle déteste cette scène parce qu' "Amir se foutait de ma gueule toute la journée »  Il avoue qu’il était effectivement mort de rire en la voyant marcher à la manière d’Aldo Maccione.

Ces scènes improvisées donnent beaucoup de spontanéité et de fraîcheur au film. Alors, malgré son petit air de déjà vu, on rit de bon cœur.

LA FICHE

Genre : Comédie 
Réalisateur : Isabelle Doval
Pays : France
Acteurs :  Charlotte de Turckheim, Amir El Kassem, Margaux Chatelier, Anne Consigny, Mathieu Simonet, Sam Karmann
Durée : 1H35
Sortie : 9 mai 2018

Synopsis : A la mort du comte, la comtesse de Montarbie d'Haust doit transmettre le titre de noblesse et le domaine à un homme de la famille, comme le veut la tradition aristocratique. Elle ne peut cependant se résoudre à léguer son château et ses terres à Gonzague, un neveu cupide et arrogant, plutôt qu'à sa fille. Quand Abdel, un jeune de cité fûté et débrouillard, trouve refuge dans son château, la rencontre fait des étincelles. Issus de deux mondes que tout oppose, Abdel et la Comtesse pourraient bien s'aider mutuellement.

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