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"Quelques minutes après minuit", conte sur l'enfance et la mort à la Spielberg

Jeune réalisateur espagnol, Juan Antonio Bayona a le vent en poupe. Après les gros succès remportés avec "L’Orphelinat" et "The Impossible", il va tourner "World War Z 2" et "Jurassic World 2". Il sort aujourd’hui un superbe conte filmique, "Quelques minutes après minuit", sur un sujet grave - le rapport de l’enfance à la mort -, mais sur un mode ludique qui rappelle son mentor, Steven Spielberg.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Lewis MacDougall dans "Quelques minutes après minuit" de Juan Antonio Bayona
 (2015 A Monster Calls A.I.E. / Quim Vives)

Distrayant et profond

Adapté du best-seller éponyme de Patrick Ness dont il signe aussi le scénario, "Quelques minutes après minuit" peut rebuter par son sujet. En effet, rarement film aborde aussi frontalement l’histoire d’un petit garçon, Conor, perturbé par la mort annoncée de sa mère, atteinte d’un cancer. De ce sujet grave, difficile, Juan Antonio Bayona tire un film fantastique, envoûtant et spectaculaire. La présence de Sigourney Weaver dans le rôle d’une grand-mère forte au côté de l’enfant, participe d’un film profond qui n'oublie pas de distraire.

Conor passe des nuits agitées, il cauchemarde, il rêve des élèves qui le rabrouent dans la cour d’école, de sa maman absente, hospitalisée, d’une grand-mère intransigeante, dure, mais qui fera un chemin vers lui pour le comprendre. A 10 ans, il est happé, avalé par un environnement anxiogène qu’il doit affronter seul. Doué d’une imagination galopante, Conor va recevoir la visite d’un arbre magique qui chaque nuit, "quelques minutes après minuit", lui raconte une histoire. Six histoires héroïques, épiques, initiatiques vont se succéder et lui permettre d’intérioriser des valeurs qui lui permettront de passer ce mauvais cap.

Reportage : N. Hayther / Jacky Bornet / T. Mandard

Conte initiatique

Juan Antonio Bayona avait déjà abordé le sujet de l’enfance face à la mort dans "Orphelinat" sous la forme d’un film de hantise ; "Quelques jours après minuit" le traite sous celle d’un conte. Le jeune cinéaste ne cache pas son admiration pour le cinéma de Steven Spielberg, ni que sa vocation est née lors de la vision d’"E.T." dans sa prime jeunesse.

Avec son arbre gigantesque qui se déplace comme un géant, l’on pense au récent "BGG" du réalisateur américain, mais également à Tim Burton, pour son univers gothique. Au final, son film relève d’une forme aussi aboutie que ses illustres mentors, mais avec une maturité toute européenne dans le traitement, tout en restant abordable.

Sigourney Weaver dans "Quelques minutes après minuit" de Juan Antonio Bayona
 (2015 A Monster Calls A.I.E. / Quim Vives)

Pour Bayona, la fiction fait clairement office d’apprentissage. Les contes, les histoires, sont formateurs. Les questions des enfants sur la mort, souvent suite à la disparition d’un proche, sont précoces, insistantes, et difficiles à résoudre. Et c’est souvent la parabole du conte qui permet de s’en tirer.

Le réalisateur espagnol porte son sujet à bout de bras et se montre résolument positif dans son message. Ambitieux, tant dans ses objectifs que dans sa réalisation, Juan Antonio Bayona surfe sur une vague poétique qui touche au cœur, emmenant avec lui petits (à partir de 8 ans) et grands sur les gammes d’un film qui nous hante bien au-delà de "Quelques minutes après minuit".

"Quelques minutes après minuit" : l'affiche française
 (Metropolitan FimExport)

LA FICHE

Drame fantastique  de Juan Antonio Bayona (Espagne/Etats-Unis/Canad/Grande-Bretagne) - Avec : Lewis MacDougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones, Toby Kebbell, Liam Neeson (voix) - Durée : 1h48 - Sortie : 4 janvier 2017

Synopsis : Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité…

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