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"Pygmalionnes", la parole des femmes du cinéma

Onze professionnelles du cinéma français prennent la parole dans ce documentaire de Quentin Delcourt pour défendre leur vision du septième art. Et elles ne mâchent pas leurs mots.

Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Onze professionnelles du cinéma témoignent dans "Pygmalionnes" (ALBA FILMS)

Le discours majeur d’Agnes Varda, en mai 2018 sur les marches de Cannes, entourée de Cate Blanchett et de 80 autres femmes, sert de socle à Pygmalionnes. Ce jour-là, l'immense réalisatrice (décédée dix mois plus tard) a dit l'essentiel : pourquoi si peu de films féminins à Cannes, si peu de Palmes (deux lauréates en "or" : Jane Campion pour sa Leçon de piano, en 1993, ex-aequo avec Adieu ma Concubine, et Agnès Varda elle-même, Palme d’honneur en 2015), si peu de présidentes du jury ? Pourquoi ces cachets moins importants que ceux des hommes ? "Nous mettons au défi nos gouvernements et nos pouvoirs publics pour appliquer les lois sur l'égalité salariale" demande Agnès Varda. Deux ans plus tard, on en est toujours loin. 

Dans ce documentaire épuré, succession d'interviews entrecoupéss d'extraits de scènes marquantes, des femmes du cinéma témoignent. Comédiennes, réalisatrice, cheffe opératrice, mais aussi agent artistique, exploitante de salle. Toutes partagent la même passion pour le cinéma mais aussi à peu de chose près, le même constat : un sentiment d'injustice, l'égalité homme-femme est loin d'être acquise. 

Les lignes bougent pourtant. Peut-être pas assez vite, mais une nouvelle génération émerge, produit des films singuliers et forts. Une génération "plus couillue" ? "Pas forcément, constate la réalisatrice Nathalie Marchak. Mais des portes s’ouvrent, elle en profite".

"Les jeunes réalisatrices ont désormais une attitude de conquérantes" se réjouit Isabelle Gibal-Hardy, la patronne du Grand Action à Paris. Mais ce n’est pas terminé, il faut que les femmes continuent à combler ce déficit de self-estime". 

Pas assez de femmes aux avant-postes, dans les rôles de décision notamment. La solution passe-t-elle par des quotas ? "J’étais très contre au début, il y a quelque chose d’humiliant. Mais aujourd’hui je pense que c’est totalement nécessaire", s’exclame Nathalie Marshak qui fait directement référence aux comités de sélection. "Il y a une misogynie latente dont les hommes ne se rendent pas compte".

La réalisatrice Nathalie Marchak (LEDROIT PERRIN)

"Pour résumer, une femme exigeante sur un plateau est une emmerdeuse. Un homme exigeant est un travailleur", selon l’actrice suisse Anne Richard.

Mais au delà de leurs colères et de leurs frustrations, ces femmes de cinéma parlent aussi très bien de leur métier, de leur façon d’investir un personnage ou de leur conception de la séduction. Des conversations qui prennent leur temps et enrichissent les débats qui agitent le cinéma français.

La fiche

Genre : Documentaire
Réalisateur :  Quentin Delcourt
Pays : France
Durée : 1h26
Sortie : 22 janvier 2020
Distributeur :  Alba Films

Synopsis : Actrices, réalisatrices, productrices, scénaristes, cheffe-opératrices, agents d'artistes, exploitantes de cinéma, etc., elles sont toutes des Pygmalionnes. Qu'elles soient devant ou derrière la caméra, à l'aube des projets cinématographique ou responsables de leur distribution en salles, onze femmes inspirantes du cinéma français contemporain témoignent sans langue de bois de leur expérience d'une industrie qui fascine, véritable reflet d'une société en mouvement. 

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