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"Peshmerga" : BHL observateur engagé sur la ligne de front

Bernard-Henri Lévy signe un véritable film de guerre aux côtés des soldats du Kurdistan iranien lancés dans une lutte sans merci avec Daesh. Des images marquantes et instructives qui auraient mérité un commentaire moins lyrique et bavard.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un Peshmerga sur la ligne de front
 (Ad Vitam)

Des images fortes, ce film n'en manque pas. Des scènes de guerre, une caméra au cœur de l'action, et parfois, un combattant qui s'écroule. BHL et son équipe légère ont été "embarqués" dans les unités pershmergas qui disputent à Daesh le contrôle d'une partie de l'Irak et nous font vivre des moments extrêmement forts du conflit, au plus près, sous les balles rasantes.

  (Ad Vitam)

Dans "cette guerre où s'affrontent des ombres", on guette l'ennemi invisible. Il est pourtant là, à deux bas et ses balles sont bien réelles. Le drône, amené de France, s'élève et nous fait soudain découvrir le "camp d'en face", où malgré la dictature religio-militaire la vie continue. La caméra zoome doucement sur Mossoul, sa circulation, ses taxis jaunes… On retient son souffle.


Bernard-Henri Lévy ne s'embarrasse pas de nuances, il s'engage totalement aux côtés des Kurdes irakiens dont, c'est vrai, on ne peut qu'admirer la bravoure et les qualités stratégiques. Mais on est à la limite du film de propagande, rien ne dépasse, aucune réflexion désagréable à propos de la question kurde, complexe et potentiellement explosive dans cette région du monde.

À l'instar des gloires américaines venant remonter le moral des troupes durant les guerres de Corée ou du Vietnam, on croise une surprenante "Madonna kurde" aux cheveux rouges, gonflée à bloc, incarnation de l'engagement féminin massif dans les combats. L'ennemi est ridiculisé par les commentaires du réalisateur qui se moque d'un "Daesh plus courageux pour exécuter un otage que pour affronter les Pershmergas. Les Fous de Dieu seraient-ils meilleurs terroristes que combattants ?". BHL se fait lyrique, son commentaire est incessant. On aimerait que le flot de paroles se tarisse pour pouvoir écouter les combattants qui se déploient. Mais tout à sa déclaration d'amour pour ce peuple courageux et parfois bien seul en première ligne, l'intellectuel oublie de se taire et de laisser parler l'image. 
  (Ad Vitam)

LA FICHE

Documentaire de Bernard-Henri Lévy – Durée : 1h32 – Sortie : 8 juin 2016
Synopsis : De juillet à décembre 2015, avec une équipe de cinéma, Bernard-Henri Lévy a remonté les 1000 kilomètres de la ligne de front qui sépare le Kurdistan irakien des troupes de Daesh. De ce voyage est issu un journal de bord en images qui offre un point de vue privilégié sur une guerre inachevée mais dont les enjeux concernent le monde entier. Au plus près des Peshmergas, ces combattants kurdes qui font preuve d’une détermination sans faille dans leur combat contre l’obscurantisme et le djihadisme, le film nous mène des hauteurs de Mossoul au cœur des Monts Sinjar en passant par les derniers monastères chrétiens menacés de destruction. Des personnages émergent du récit, des visages de femmes et d’hommes, qui nous sont rarement donnés à voir.

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