Oriana Fallaci, un biopic pour une icône contestée du journalisme italien
Le nom d'Oriana Fallaci n’est pas forcément connu du grand public français, mais en Italie, son pays natal, cette journaliste a été et reste une star. Preuve en est avec la sortie cette année de ce biopic réalisé par Marco Turco et d’une biographie signée Cristina di Stefano parue en mars dernier chez Albin Michel. Tous deux sont Italiens.
Certaines critiques mettent en cause le manque d’objectivité face aux aspects plus sombres et complexes de la personnalité d’Oriana Fallaci. Connue et admirée pour ses interviews sans concessions, elle a aussi beaucoup choqué à la fin de sa vie par ses prises de position très violentes contre l’islam et les musulmans.
Reportage : G. Dehlinger / X. Deperthes / G. Le Goff / J. Blanc
Pour Oriana Fallaci, la vie était une sorte de combat et chaque bataille devait être livrée avec passion. La journaliste semble être née avec cet esprit frondeur et libre qui fit sa célébrité. Quand elle voit le jour à Florence en juin 1929, l'Italie est en plein règne mussolinien. D’origine modeste, ses parents sont des activistes politiques qui vont l’élever avec cette notion d’engagement et de rébellion. À 14 ans, Oriana entre dans la Résistance avant de devenir trois ans plus tard correspondante pour un journal.
Sa carrière commence avec des interviews de célébrités comme Mastroianni, Fellini, Sophia Loren puis Orson Welles, Kim Novak ou Jane Mansfield. À partir de 1960, elle quitte les paillettes pour découvrir la guerre : Vietnam, Iran, Mexique...
Elle sillonne le monde et du haut de son mètre 56, elle toise les hommes politiques de la deuxième moitié du XXe siècle. Personne ne lui fait peur. Ses interviews sont mordantes car Oriana Fallaci n’hésite pas à mettre en difficulté ses interlocuteurs. Ce fut le cas avec Henri Kissinger sur la guerre du Vietnam mais aussi Kadhafi, Yasser Arafat et l’ayatollah Khomeini qu’elle défia en 1979 au sujet du tchador.
À partir des années 70, Oriana Fallaci se consacre à l’écriture et publie plusieurs romans qui traiteront de l’avortement, du statut des femmes mais aussi de la guerre civile au Liban. L’Italienne s’installe à New York et ne fait plus entendre sa voix... jusqu’au 11 septembre 2001.
À la demande du directeur du journal Corriere della Serra pour lequel elle a longtemps travaillé, elle publie une tribune virulente qui deviendra un essai, "La rage et l’orgueil", où elle donne sa vision, sans nuance, de l’islam et des musulmans qui, selon elle, "se multiplient comme des rats". Un brûlot qui va soulever des vagues d’indignation, notamment en France où le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) réclame son interdiction au tribunal de grande instance de Paris.
À partir de là, c’est comme une boîte de Pandorre qui s’ouvre. En 2004, Oriana Fallaci publie un nouvel essai, "La Force et la Raison" où elle dénonce entre autre une Europe devenue une "colonie de l’Islam". Seul le cancer vient à bout de cette femme libre jusque dans ses excès. Oriana Fallaci meurt en septembre 2006 à Florence à l'âge de 77 ans.
"Oriana Fallaci"
Film italien de Marco Turco
avec Vittoria Puccini, Vinicio Marchioni, Francesca Agostini, Stéphane Freiss
Durée : 1 h 48
Sortie le 5 août 2015
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