"Nuestras Madres" en VOD : la Caméra d'or du Festival de Cannes 2019 revisite la guerre civile au Guatemala
Entre fiction et documentaire, une évocation du conflit guatémaltèque qui a fait plus de 100 000 morts, et des dizaines de milliers de disparus entre 1960 et 1996.
La Caméra d’or, qui récompense chaque année au Festival de Cannes un premier film, est revenue en 2019 à Nuestras Madres du guatémaltèque César Díaz. Il décrit l’enquête d’un jeune anthropologue sur les plus de 100 000 morts et les dizaines de milliers de disparus au cours de la guerre civile au Guatemala.
Piqûre de rappel
L’attrait majeur de Nuestras Madres est dans son sujet. Il revient sur un conflit éloigné et qui n’a guère suscité d'attention en Europe. D’où l’intérêt d’une piqûre de rappel, dont l’écho résonne dans nombre de pays, la guerre suscitant toujours les mêmes maux, avec encore plus de douleurs quand elle est intérieure, comme c’est le cas aujourd’hui dans la majorité des conflits.
Ernesto, jeune anthropologue de la Fondation médico-légale, travaille en 2018 à l’identification des disparus de la guerre civile au Guatemala, alors que les familles demandent réparation aux responsables militaires dans des procès sans fin. Lors du récit d’une vieille femme, Ernesto décèle une piste qui lui permettrait de retrouver la trace de son père, guérillero disparu pendant le conflit. Contre l’avis de sa mère, il plonge à corps perdu dans le dossier.
Sujet universel mais réalisation sommaire
Recherche de la vérité et résilience fondent le sujet de Nuestras Madres (Nos mamans). L’une de ces mères est attachée à retrouver le corps de son défunt mari pour faire son deuil ; l’autre, la mère de l’enquêteur, préfère oublier. Deux attitudes qui reflètent celles de tout un pays déchiré par une guerre civile, en quête de réunification. Châtier les coupables, pardonner, oublier… autant d’options qui existent partout dans le monde en de telles circonstance. Comme c’est le cas en France vis-à-vis de la Guerre d'Algérie, du Cambodge, ou encore de l’Occupation…
Le sujet est universel. Mais si César Díaz se fonde sur un scénario pertinent, sa réalisation est sommaire. Le jeune cinéaste fait preuve d’exigence dans le soin apporté au cadre et à la lumière, surtout dans les premières scènes. Mais il verse rapidement dans le docufiction, dont relèvent beaucoup de films aujourd’hui, sans doute faute de moyens. Louable en soit, le procédé, répété de film en film, perd de l’intérêt en devenant systématique. La dramaturgie ne repose plus que sur le sujet, et lui seul, même si les acteurs jouent le jeu (excellente Emma Dib, mère de Ernesto). Peu à peu le film tourne en rond, l’attention s’effrite. Le message passe, mais il est affaibli par une cinématographie juste passable pour une Caméra d’or.
La fiche
Genre : Drame
Réalisatrice : César Díaz
Acteurs : Armando Espitia, Emma Dib, Aurelia Caal
Pays : Guatemala, Belgique, France
Durée : 1h17
Sortie : 16 juin 2020 (VOD)
Distributeur : Pyramide Distribution
Synopsis : Guatemala, 2018. Le pays vit au rythme du procès des militaires à l’origine de la guerre civile. Les témoignages des victimes s’enchaînent. Ernesto, jeune anthropologue à la Fondation médico-légale, travaille à l’identification des disparus. Un jour, à travers le récit d’une vieille femme, il croit déceler une piste qui lui permettra de retrouver la trace de son père, guérillero disparu pendant la guerre. Contre l’avis de sa mère, il plonge à corps perdu dans le dossier, à la recherche de la vérité et de la résilience.
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