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"Nothingwood" : documentaire décapant sur un réalisateur fou en Afghanistan

Quand on dit Afghanistan, on pense guerre, Taliban… Sonia Kronlund, réalisatrice de "Nothingwood", connaît bien l’Afghanistan pour le parcourir depuis des années. Sa rencontre avec le cinéaste fou (de cinéma) Salim Shaheen donne une toute autre image de ce pays en guerre depuis 40 ans. Revigorant, optimiste !
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Salim Shaheen dans "Nothingwood" de Sonia Kronlund
 (Pyramide Distribution)

Rambo

Après Hollywood et Bollywood, "Nothingwood" est le nom que donne le réalisateur Salim Shaheen à son cinéma, puisqu’il n’a pas un "kopeck", autant dire rien (nothing), pour produire ses films. Donc "Rienfilms". Joli. Ce qui ne l’a pas empêché d’en tourner 111, à la date de la réalisation du documentaire de Sonia Kronlund, "Nothingwood". Des films d’action teintés de mélo comme en tournent à la chaîne, l’Inde, la Turquie, l’Egypte, le Nigéria, destinés à un public local, avec un succès colossal dans leur périmètre d’activité.

Salim Shaheen ne peine pas à être très populaire dans son pays sinistré où le cinéma est rare. Adepte d’un cinéma populaire de divertissement, il s’est fait le chantre des films qu’il aime, sa référence majeure étant "Rambo" (dont le 2e opus se déroule en Afghanistan), titre de gloire de Sylvester Stallone, dont il s'inspire pour son personnage de fiction. Le contexte guerrier prend une large place dans ses scénarios, vu l’environnement, on le comprend. Mais il s’attache à faire de ses héros, des gens du commun (comme Rocky, ou Rambo) : maraîchers, chauffeurs de taxi, soldats de 2e classe qui vont se révéler à eux-mêmes en prenant la défense de leur pays.

Salim Shaheen dans "Nothingwood" de Sonia Kronlund
 (Pyramide Distribution)

Cinéaste à tout prix

L’Afghanistan est pétri de désir d'indépendance. Salim Shaheen en fait l'écho à travers ses personnages issus de la culture populaire afghane. Il est entouré de fidèles qui sont prêts à prendre tous les risques pour tourner, même dans les zones de combats. Avec une insouciance rebelle, il met en scène des héroïnes non voilées, sans doute non conformes à la moralité, mais appréciées des spectateurs…

Dans son amateurisme, la réalisation des films de Salim Shaheen rappelle celle des cinéastes découverts en 2005 dans le documentaire belge de Frédéric Sojcher, "Cinéastes à tout prix", où des réalisateurs indépendants locaux tournent à pertes et profits des films par passion, reconstituant un épisode la 2e Guerre mondiale dans une carrière, un film de super-héros avec des costumes en latex… Drôle, éminemment optimiste dans un pays laminé par la guerre depuis des lustres, "Nothingwood" est une leçon de passion du cinéma, la résistance d'un esprit libre.
"Nothingwood" : l'affiche
 (Pyramide Distribution)

LA FICHE

Documentaire de Sonia Kronlund (France/Afghan) - Avec : Salim Shaheen - Durée : 1h25 - Sortie : 14 juin 2017

Synopsis : À une centaine de kilomètres de Kaboul, Salim Shaheen, l'acteur-réalisateur-producteur le plus populaire et prolifique d’Afghanistan, est venu projeter quelques-uns de ses 110 films et tourner le 111e au passage. Ce voyage dans lequel il a entraîné sa bande de comédiens, tous plus excentriques et incontrôlables les uns que les autres, est l'occasion de faire la connaissance de cet amoureux du cinéma, qui fabrique sans relâche des films de série Z dans un pays en guerre depuis plus de trente ans. Nothingwood livre le récit d’une vie passée à accomplir un rêve d’enfant.

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