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"Misanthrope" : au-delà du polar d’action, avec un tueur de masse retors traqué par une enquêtrice éprouvée

Avec son premier film américain, l’Argentin Damián Szifron signe un thriller nerveux, surprenant et troublant.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Shailene Woodley  dans "Misanthrope" de Damián Szifron (2023). (METROPOLITAN FILMEXPORT)

Réalisateur argentin des Nouveaux sauvages (2015), Damián Szifron prend ses marques à Hollywood en signant un polar de grande classe, Misanthrope, qui sort en salles mercredi 26 avril. Plutôt que les serial killers, le réalisateur se penche sur les tueurs de masse avec un scénario coécrit avec Jonathan Wakeham. A l'affiche, Shailene Woodley, qui va bientôt exploser dans Ferrari avec Adam Driver, Penélope Cruz. Dans le rôle principal d'une flic au passé trouble, elle prend en chasse un tueur qui fait des victimes par dizaines à chaque attaque. Un virage dans le genre, pas éloigné de celui qu’avait pris Seven, mais en tirant sur d’autres cordes. 

Anonyme


Eleanor, jeune enquêtrice du FBI ex-toxicomane, se retrouve à Baltimore sur une scène de crime de masse. Elle participe à la chasse à l’homme générale visant un assassin qui peut frapper à tout moment, n’importe où et aux méthodes minutieuses. De plus en plus impliquée, Eleanor prend conscience que ses failles intérieures peuvent lui servir à trouver l’assassin.

Damián Szifron réussit un coup de maître avec son premier film à Hollywood. Son script brillant colle à la peau du polar urbain. Situé à Baltimore (Maryland), réputé pour son anonymat aux Etats-Unis, les victimes du tueur le sont tout autant. Cela pourrait se passer n’importe où et toucher n’importe qui, sans motif apparent.  L’Amérique est régulièrement la cible des "mass murders", mais ils sont peu présents au cinéma. On peut citer La Cible de Peter Bogdanovitch (1968), Un tueur dans la foule de Larry Peerce (1976), ou les films sur la tragédie de Colombus. Damián Szifron prend son sujet "à bras le corps", tout en faisant le portrait d'une femme éprouvée et solitaire.

Contrepoint de "Seven"


La qualité du scénario et de la réalisation fait penser à Seven, dont Misanthrope serait le contrepoint. Chez Fincher, John Doe tue pour punir des pécheurs isolés, chez Szifron, son assassin tue collectivement pour dénoncer un système. L’enquête ne tourne pas autour de l’identité du tueur, mais de sa traque. Tout réside dans ce jeu de piste que va défricher Eleanor à la lumière de ses propres démons, après les avoir identifiés dans le mode opératoire du tueur. L'enquête est prétexte à réaliser le portrait d'une femme contemporaine.

Damián Szifron capte la ville comme le faisait William Friedkin dans French Connection (1971) qui réinventait le polar urbain. Le réalisateur argentin est dans la lignée du Suédo-égyptien Tarik Saleh, dont les films Le Caire confidentiel et La Conspiration du Caire étaient inspirés de William Friedkin. Ils se retrouvent aussi dans l’écriture de scénarios non conventionnels, le fond et la forme étant très contemporains, au-delà de l’exercice de style. Un gage de modernité qui augure un futur prometteur à un réalisateur qui a déjà fait ses preuves.

L'affiche de "Misanthrope" de Damián Szifron (2023). (METROPOLITAN FILMEXPORT)

La fiche

Genre : Thriller
Réalisateur : Damián Szifron
Acteurs : Shailene Woodley, Ben Mendelsohn, Jovan Adepo, Ralph Ineson
Pays :  Etats-Unis
Durée : 1h58
Sortie : 26 avril 2023
Distributeur : Metropolitan Filmexport

Synopsis : Eleanor, une jeune enquêtrice au lourd passé, est appelée sur les lieux d’un crime de masse terrible. La police et le FBI lancent une chasse à l’homme sans précédent, mais face au mode opératoire constamment imprévisible de l’assassin, l’enquête piétine. Eleanor, quant à elle se trouve de plus en plus impliquée dans l'affaire et se rend compte que ses propres démons intérieurs peuvent l’aider à cerner l'esprit de ce tueur si singulier…

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